Le cortex insulaire antérieur serait la « porte de la conscience », le « filtre » qui choisit quels stimuli parviennent de façon consciente au reste du cerveau. Ce sont des chercheurs du Center for Consciousness Science du Michigan Medicine, aux Etats-Unis, qui ont identifié cette « clé ». Leurs travaux sont publiés dans la revue Cell Reports.
Parmi les milliers de stimuli, visuels, auditifs ou autres, traités chaque jour par le cerveau, « seuls certains passent la porte de notre conscience » mais le mécanisme de sélection n’est pas encore identifié. « Le traitement de l’information dans le cerveau a deux dimensions : le traitement sensoriel de l’environnement sans conscience et celui qui se produit lorsqu’un stimulus atteint un certain niveau d’importance et entre dans la conscience », explique Zirui Huang, principal auteur de l’étude. Les chercheurs ont fait l’hypothèse de l’existence d’une « structure critique » de contrôle de l’accès conscient aux informations sensorielles. Ils ont ensuite réalisé deux expériences pour analyser le rôle éventuel du cortex insulaire antérieur, déjà connu pour son rôle vis-à-vis des émotions.
La première expérience a permis de montrer que « lorsque le cortex insulaire antérieur est éteint, la conscience aussi ». 26 personnes ont été examinées à l’IRM fonctionnelle, qui permet de voir les zones activées du cerveau. Les chercheurs ont injecté aux participants un anesthésiant, le Propofol, pour bloquer leur cortex insulaire antérieur, et « contrôler leur niveau de conscience ». En même temps ils ont demandé à chacun d’imaginer des situations telles que jouer au tennis, marcher ou serrer une balle en caoutchouc. Alors que les personnes perdaient progressivement conscience au cours de l’expérience, la conscience est revenue après l’arrêt du Propofol. Le cortex insulaire antérieur semble donc « agir comme un filtre qui ne permet qu’aux informations les plus importantes d’entrer dans la conscience ».
Pour confirmer ce résultat, les chercheurs ont mis en place une seconde expérience, afin d’identifier « si l’activation du cortex insulaire antérieur est prédictive de la prise de conscience d’une information ». Pour cela, 19 volontaires ont visionné des images subliminales de visages pendant 33 millisecondes, toujours sous IRM fonctionnelle, puis dit s’ils avaient vu ou non l’image. Les chercheurs ont constaté « que l’activation préalable du cortex insulaire antérieur était prédictif de la capacité du sujet à percevoir consciemment l’image du visage ». « La détection d’un stimulus dépend de l’état de l’insula antérieure lorsque l’information arrive dans le cerveau, explique Zirui Huang : si l’activité de l’insula est élevée au moment du stimulus, vous verrez l’image ».
« Sur la base des résultats de ces deux expériences, nous concluons que le cortex insulaire antérieur pourrait être une porte pour la conscience », conclut le chercheur.
Source : Sciences et Avenir, Camille Gaubert (04/05/2021) – Photo : Pixabay\DR