Une nouvelle dérive ultime : l’utérus artificiel

Publié le 14 Mar, 2005

Jean-Yves Nau revient dans Le Monde sur le livre du biologiste et ancien membre du Comité consultatif national d’éthique, Henri Atlan  : “L’utérus artificiel”*. Dans cet ouvrage, l’auteur  mène une réflexion qui s’inscrit dans le prolongement des controverses actuelles sur la légitimité de la pratique des “locations d’utérus”.

 

Partant du constat que le XXème siècle a été marqué par une dissociation radicale entre la sexualité et la reproduction humaine, qu’il a vu l’émergence de multiples techniques d’assistance médicale à la procréation et l’arrivée de nouvelles lois notamment en  matière d’interruption volontaire de grossesse, Henri Atlan s’interroge sur les conséquences de la prochaine et ultime frontière : l’ectogenèse. Inventé en 1923, ce terme caractérise une grossesse qui serait menée hors du ventre de la femme  avec la mise au point et la commercialisation des premiers appareils qui permettront de mener à terme ces gestations. 

 

A l’heure actuelle, des recherches sont en cours pour mettre au point des naissances par ectogenèse. Le sujet a même été abordé lors du dernier congrès mondial de bioéthique organisé en novembre dernier à Sydney. Henri Atlan estime que les difficultés rencontrées par la communauté scientifique n’ont rien de fondamental. 

Pour lui l’acceptation de cette pratique se fera en deux temps:la première phase sera thérapeutique pour prévenir notamment les conséquences des naissances très prématurées en proposant une fin de gestation hors du corps maternel ; la seconde phase permettra d’avoir recours à cette méthode pour donner la vie. L’auteur craint que l’on parle alors simplement d’une nouvelle méthode de procréation scientifiquement assistée. De ce point de vue, l’utérus artificiel constituera bien une nouvelle étape du processus de dissociation de la sexualité et de la reproduction ajoute Henri Atlan.

Cette perspective devrait renforcer les oppositions fondamentales entre les féministes radicales qui plébiscitent les potentialités offertes par l’ectogenèse et les autres qui jugent cette technique inacceptable.

Avec l’arrivée de l’utérus artificiel il faudra s’intéresser aux échanges physiologiques et psychologiques indispensables entre une mère et son futur enfant. Pour Rosemarie Tong, féministe et spécialiste de bioéthique “les enfants nés d’une machine seront de simples créatures du présent et des projections dans l’avenir, sans connexions signifiantes avec le passé. C’est là une voie funeste et sans issue”.

* Henri Atlan  : “L’utérus artificiel” : Editions Le Seuil – Mars 2005

Le Monde (Jean-Yves Nau) 12/03/05

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