Le site en ligne du journal scientifique "Stem cells" publie les travaux d’une équipe hispano-britannique, dirigée par Miodrag Stojkovic du centre de recherche Prince Philippe (Valence – Espagne), sur la création d’une lignée cellulaire à partir d’un embryon humain "considéré mort".
Les chercheurs ont étudié 132 embryons "stoppés dans leur croissance", donnés par une clinique de fécondation in vitro avec le consentement des patients. La division cellulaire des embryons s’était arrêtée 24 ou 48 heures après avoir atteint différents stades de développement. 13 d’entre eux s’étaient développés un peu plus que les autres, atteignant 16 ou 24 cellules, avant "d’arrêter leur croissance". Les chercheurs ont pu créer une lignée de cellules souches à partir de l’un d’entre eux.
Le Dr Donald Landry, directeur du département de traitements expérimentaux au Centre médical de l’Université Columbia (New York), qui a eu l’idée de cette expérimentation, estime qu’ "un embryon est mort si les cellules qui le composent cessent de manière irréversible de travailler ensemble en tant qu’organisme". Ainsi, pour lui, la création d’une lignée de cellules souches embryonnaires telle que l’a réalisé l’équipe du Pr Stojkovic lève les problèmes éthiques liés à la destruction de l’embryon. Selon lui, l’utilisation de cellules à partir d’embryons morts relève du don d’organes au même titre que le prélèvement d’organes sur des patients morts.
Néanmoins de nombreux chercheurs ne sont pas d’accord. "Il n’existe aucun moyen de prouver qu’un embryon ait aussi été stoppé dans sa croissance s’il avait été placé dans un utérus de femme plutôt que dans une coupelle de laboratoire, ce qui laisse donc ouverte la possibilité que les conditions de laboratoire soient à l’origine de l’arrêt de la croissance de l’embryon", explique Robin Lovell-Badge, de l’Institut national londonien pour la recherche médicale.
Pour le Révérend Tad Pacholczyk, directeur de l’éducation au sein du Centre national catholique pour la bioéthique (Philadelphie), "un embryon n’est pas mort, dès lors que des cellules sont vivantes à échelle individuelle et capables de fournir des lignées de cellules souches". Les scientifiques en connaissent trop peu sur les embryons précoces pour déterminer vraiment quand l’un d’entre eux est mort.
Quant au Dr George Daley, de l’Institut sur les cellules souches de Harvard, il craint qu’une anomalie non détectée sur une cellule souche provenant d’un embryon mort ne rende leur utilisation dangereuse.
Derivation of human embryonic stem cells from developing and arrested embryos, Xin Zhang, Petra Stojkovic, Stefan Przyborski, Michael Cooke, Lyle Armstrong, Majlinda Lako, Miodrag Stojkovic, Stem Cells Express, first published online September 21, 2006; doi:10.1634/stemcells.2006-0377
nouvelobs.com (Malcolm Ritter) 25/09/06 – Le Figaro 26/09/06