Une greffe de tissu ovarien réalisée sur des babouins sans recours aux immunosuppresseurs

Publié le 21 Nov, 2017

Au Kenya, une équipe internationale de médecins[1] a réalisé avec succès sur des babouins une greffe de tissu ovarien sans recours à un traitement immunosuppresseur. Ils décrivent leur expérience dans le Journal of Assisted Reproductive Genetics comme une première mondiale.

 

Jusqu’alors, la tentative de greffe de tissus ovariens était caractérisée par un taux de rejet « élevé » conduisant le patient à utiliser sur le long terme des médicaments immunosuppresseurs « hautement toxiques ». Ces médicaments ont de « graves effets secondaires » pouvant conduire au « diabète, à l’hypertension, au cancer et à des problèmes rénaux » (cf. Greffe d’organes : manipuler le système immunitaire du receveur pour faciliter la prise de greffon). Pour remplacer ce traitement « potentiellement mortel », l’équipe a utilisé un composé nommé Facteur PréImplantatoire (PIF), secrété de façon naturelle par l’embryon humain pour se protéger du rejet du corps de la femme enceinte.

 

L’étude a été menée sur deux femelles babouins : après avoir prélevé leurs ovaires, elles ont été greffées d’un tissu ovarien fin d’un millimètre et traitées avec du PIF synthétique avant et après la greffe pour empêcher le rejet du tissu. Au terme de neuf mois d’observation, aucun rejet de greffe n’a été constaté, et les deux babouins ont retrouvé une activité ovarienne et un cycle menstruel normal. Le docteur Nyachieo, de l’Institut de recherche sur les primates (IPR[2]) et chercheur principal de l’étude explique : « Nous avons réussi à prouver que le PIF peut protéger la greffe d’ovaires contre le rejet sans utiliser de médicaments toxiques », ce qui permettrait d’espérer « une restauration sûre et efficace de la fertilité ».

 

La prochaine étape sera des essais cliniques sur la femme, mais le docteur Nyachieo est déjà « sûr que cela fonctionnera » au vue de la « ressemblance » des babouins « avec l’anatomie humaine » et dont le « cycle menstruel est de 33 jours ».

 

Cette technologie est, selon le doecteur Nyachieo, « particulièrement importante pour les jeunes femme qui survivent au cancer mais qui perdent leurs fonctions ovariennes en raison du traitement cancéreux toxique pour l’organisme ». A l’heure actuelle, « un pour cent des femmes souffrent d’insuffisance ovarienne prématurée ou de perte de la fonction normale des ovaires avant l’âge de 40 ans ».

 

 

Ndlr : La greffe de tissu ovarien, quand elle n’est pas autologue, suppose la mise à disposition des ovocytes de la donneuse : la femme greffée donnera naissance à des enfants issus des gamètes de la donneuse. Ces greffes soulèvent deux questions éthiques : celle du prélèvement sur donneuse vivante de tissus en vue d’une greffe qui n’est pas vitale pour la receveuse et de la mise à disposition d’un patrimoine génétique.

 

 

[1] Université de médecine de Vienne (Autriche), Université de Göteborg (Suède) et Université du Kansas (Etats-Unis).

[2] L’IPR est une branche de recherche biomédicale des Musées nationaux du Kenya et un centre collaborateur de l’Organisation Mondiale de la Santé.

Standard Media, Gatonye Gathura (18/11/2017)

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