Jeudi dernier, Craig Venter a annoncé lors d’une conférence de presse que son équipe aurait réussi à créer de toutes pièces un virus artificiel en quatorze jours. Leurs travaux sont décrits dans “The Proceedings of National Academy of Science ” à paraître dans le courant de la semaine.
Pour copier synthétiquement le virus, l’équipe de Craig Venter a adapté la technique de la PCR (Polymerase Chain Reaction) ou “photocopieuse” à ADN. Les chercheurs ont produit, par petits bouts, l’ADN du virus qu’ils ont ensuite assemblé et inséré dans une bactérie. Ce virus artificiel produit de petits virus mangeurs de bactéries (bactériophages).
Le gouvernement américain qui a largement financé cette expérimentation a qualifié ce travail de “révolutionnaire”. Pour certains généticiens, cette manipulation constitue une prouesse technique bien qu’elle ne soit pas véritablement une première scientifique. En 2002, une autre équipe américaine était parvenue à recréer par synthèse le virus de la poliomyélite.
Pour Pierre Sonigo, directeur de la recherche à l’Institut national de la recherche médicale (Institut Cochin, Paris) “ce travail est à considérer avec circonspection”. “Pour autant elle [cette découverte] est importante dans la mesure où les auteurs de ce travail ont mis au point un procédé technique qui permet d’assembler dans un délai très court et de manière efficace de longs fragments d’ADN obtenus par synthèse” mais elle ne doit pas conduire à penser que ces chercheurs sont parvenus à créer “de la vie en laboratoire”.
Rappelons en effet qu’un virus n’est pas une structure vivante. Il s’agit d’une structure complexe qui allie des protéines et de l’ADN et qui se reproduit aux dépens des organismes vivants.
S‘il est confirmé, ce protocole ouvrirait la voie à de nouveaux types de manipulations génétiques. On dit que cette technique aurait des répercussions positives en thérapie génique et pourrait aussi donner naissance à des organismes bénéfiques pour l’homme comme de nouveaux vaccins. Mais cette avancée technique pose également des problèmes éthiques avec l’émergence possible de germes particulièrement destructeurs.
Le Nouvel Observateur (Olivier Frégaville-Arcas) 14/11/03 – Le Quotidien du Médecin (Elodie Biet) 17/11/03 – Le Monde (Hervé Morin) 17/11/03 – La Croix (Denis Sergent) 17/11/03