Un plan pour développer les soins palliatifs

Publié le 5 Juin, 2008

Nicolas Sarkozy devait rendre public, ce matin, au Centre hospitalier de Bourges, les grands axes de son "programme de développement des soins palliatifs (2008-2012)" (cf. Synthèse de presse du 05/06/08). Le président de la République, qui avait fait du développement des soins palliatifs une priorité de son quinquennat en matière de santé, a annoncé le déblocage de 229 millions d’euros d’ici à 2012.

Ce plan a pour objectif de doubler le nombre de patients pris en charge, passant de 100 000 personnes à 200 000 ; de créer 1 200 nouveaux lits de soins palliatifs ; de constituer 75 nouvelles unités mobiles (au nombre de 337 actuellement) ; de mieux former les personnels médicaux et paramédicaux et informer le grand public pour un développement de la "culture des soins palliatifs". Ajoutons que le plan prévoit la formation des bénévoles accompagnant les malades ainsi que celle de "gardes-malades" à domicile et prévoit de doubler l’activité des réseaux de soins palliatifs qui permettent des soins de proximité afin de "faire sortir les soins palliatifs des murs de l’hôpital".

L‘Elysée soulignait hier que "ce plan a l’objectif considérable de faire du droit à la lutte contre la douleur et à une fin de vie digne, défini dans la loi Leonetti, un droit concret et réel auquel tout citoyen peut accéder". Et, alors que la mission Leonetti, chargée d’évaluer la loi sur la fin de vie à la suite de l’affaire Sébire*, devrait accompagner le président dans son déplacement à Bourges, la question de l’euthanasie ne devrait pas être abordée. Hier, dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, on déclarait : "on ne peut pas changer les lois de la République et faire évoluer notre socle de valeurs fondamentales simplement pour régler des problèmes particuliers" ; "l’essentiel ce sont les soins palliatifs qui, s’ils sont développés, devraient permettre de répondre à l’essentiel des cas individuels".

A cette occasion, Le Monde a interviewé Jean-Christophe Mino, médecin et chercheur à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris), sur les enjeux du développement des soins palliatifs. Pour lui, les soins palliatifs ont pour but premier de "lutter efficacement contre les souffrances physiques", "soutenir les personnes malades et leur entourage",  tout en considérant toujours la personne malade "comme un sujet vivant". "C’est le refus de réduire les personnes à leur statut de malade incurable, ou de déjà mourant et de ce fait, consciemment ou pas, de les isoler jusqu’à entraîner ce que les sociologues appellent une ‘mort sociale’." Il ajoute que les soins palliatifs refusent à la fois l’acharnement thérapeutique et l’euthanasie, dans la mesure où ces deux façons de traiter les personnes malades "sont une façon de vouloir évacuer la mort", la première "en cherchant à la repousser sans cesse de manière illusoire" et la seconde "en la précipitant sans avoir le temps de la vivre".

Selon Jean-Christophe Mino, la démarche palliative pourrait faire évoluer la médecine dans son ensemble, en passant d’une médecine technique à une médecine "qui aide la patient à faire face à son mal au quotidien, à soulager son inconfort, et qui prend en compte sa manière personnelle de vivre la maladie, son expérience subjective". La médecine devra donc s’orienter de plus en plus vers une mission d’aide et de soutien des patients et ce, d’autant que le vieillissement de la population va s’accélérer.

Il conclut enfin sur la question de l’euthanasie en disant que "les demandes d’euthanasie sont extrêmement rares en fin de vie" et que, "quand elles existent, elles disparaissent pour leur quasi-totalité quand la prise en charge de soins palliatifs est correctement menée". Il regrette "la focalisation dans les médias" sur l’euthanasie, ce qui représente un "obstacle pour aborder concrètement ces sujets difficiles dont nous avons tant de mal à parler publiquement : la maladie grave, la vieillesse, le handicap, les limites de la médecine et la mort".

*Agée de 52 ans et atteinte d’une tumeur incurable, Chantal Sébire avait demandé à la justice, mercredi 12 mars, la possibilité de "bénéficier d’un suicide médicalement assisté" (cf. Synthèse de presse du 13/03/08). Sa demande avait été refusée par le tribunal de grande instance de Dijon le 17 mars (cf. Synthèse de presse du 18/03/08). 2 jours plus tard, elle était retrouvée morte à son domicile, après avoir absorbé un barbiturique (cf. Synthèse de presse du 20/03/08).

TF1.fr 13/06/08 – Le Figaro (Agnès Leclair) 13/06/08 – Nouvel Obs.com 13/06/08 – La Croix (Pierre Bienvault) 13/06/08 – Le Quotidien du Médecin (Olivier Quarante) 13/06/08 – Le Monde (Cécile Prieur) 14/06/08 – Libération 13/06/08 – Le Télégramme 14/06/08 – La Provence.com (Catherine Estève) 14/06/08 – France 2.fr 13/06/08 – La Tribune.fr 13/06/08 – News Press.fr 13/06/08 – 20 Minutes.fr 13/06/08 – Le Quotidien du Médecin (Stéphanie Hasendahl) 17/06/08 – Jdd.fr (Vivien Vergnaud) 13/06/08

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