Alors que la commission dédiée démarre ses travaux sur la proposition de loi visant à autoriser le suicide assisté au Royaume-Uni pour les patients en phase terminale (cf. Fin de vie au Royaume-Uni : le doigt dans l’engrenage ?), des données issues du gouvernement soulignent « l’incertitude inhérente aux pronostics d’espérance de vie ».
En effet, les chiffres officiels [1] révèlent que, dans 20% des cas environ [2], les patients à qui l’on donne six mois à vivre [3] sont encore en vie trois ans plus tard.
L’analyse se fonde sur les patients ayant demandé une couverture universelle via une « procédure accélérée », ce dont peuvent bénéficier ceux à qui leur médecin a donné un pronostic de six mois. L’allocation prend fin au décès du patient. Au bout de trois ans, le gouvernement vérifie auprès des demandeurs encore en vie si leur diagnostic ou leur pronostic a changé.
« Pouvons-nous accepter une réalité où une personne sur cinq risque de manquer trois Noëls de plus avec ses proches en raison de l’incertitude inhérente aux pronostics médicaux ? », interpelle le Dr Matthew Doré, secrétaire honoraire de l’Association pour la médecine palliative.
D’autres points du texte en discussion font également débat. Les psychiatres craignent notamment que la proposition de loi ne permette à des personnes souffrant de troubles alimentaires graves, comme l’anorexie, d’y recourir pour mettre fin à leur vie (cf. Colorado : un psychiatre propose l’aide médicale à mourir en cas d’anorexie mentale « terminale »). La députée Sarah Olney, qui siège à la commission parlementaire chargée d’examiner le texte, a déposé un amendement visant à « renforcer la formulation relative à la capacité mentale ».
Le vote parlementaire doit intervenir en avril.
[1] Données du Department for Work and Pensions
[2] Plus précisément, en 2020, 70 sur 360 personnes ayant bénéficié de l’allocation en 2017 étaient encore en vie. L’année suivante, en 2021, 420 des 1 980 demandeurs ayant reçu un diagnostic de fin de vie en 2018 avaient survécu. En 2022, 820 des 4020 personnes ayant commencé à bénéficier de l’allocation de fin de vie en 2019 étaient encore en vie. En 2023, c’était 960 des 5430 demandeurs ayant reçu des prestations en 2020 qui l’étaient.
[3] Ce qui est le délai actuellement envisagé par la proposition de loi
Sources : The Telegraph, Janet Eastham (21/01/2025) ; The Guardian, Jessica Elgot (21/01/2025)