En Argentine, un nouveau projet de loi visant à dépénaliser l’avortement vient d’être déposé au Parlement. En 2018, un projet de loi comparable avait été voté par le Parlement mais refusé par le Sénat, plus conservateur, à quelques voix près (38 voix contre, 31 voix pour, 2 abstentions)[1]. Le contexte a évolué depuis, car cette année les Argentins seront appelés aux urnes en octobre, pour les élections présidentielles et législatives. Soutiens et détracteurs de l’IVG demandent donc publiquement à chaque élu d’afficher publiquement ses convictions personnelles. « Con aborto no te voto » , avec l’avortement, je ne vote pas pour toi, clament les pancartes dans le défilé de ceux qui soutiennent « le droit à la vie pour les deux, la mère et le bébé ». Le président actuel, Macri, s’affiche « en faveur de la vie », son principal opposant, Alberto Fernández, est pour la dépénalisation de l’IVG. « Nous demandons qu’on ne puisse pas voter sans connaitre les positionnements de chacun » demandent aussi ceux qui réclament le droit à l’IVG.
Le projet de loi prévoit une dépénalisation totale jusqu’à 14 semaines, comme en 2018, mais n’admet aucun recours possible à l’objection de conscience, considérant celle-ci comme la « négation d’un droit basé sur des croyances religieuses et morales ». Il concerne toutes les femmes « et autres identités susceptibles d’être enceintes ». Il conserve la dépénalisation totale, quels que soient les circonstances et les délais, pour les femmes qui avorteraient, tout en criminalisant le fait, pour des médecins, de refuser un avortement, ou de le retarder jusqu’au délai limite. Il ajoute une clause obligeant le système de santé publique à en couvrir intégralement les frais. Au-delà de 14 semaines, les motifs autorisant l’IVG seraient le viol et les risques pour la vie de la mère ou sa santé, physique ou psychique, définie comme « le bien-être intégral, physique, mental et social » mais retire l’extension de délai en cas de malformation fœtale. Le projet de loi inclue des cours d’éducation sexuelle à l’école, présentant l’avortement non plus comme une problématique mais comme un droit. Pour les femmes handicapées, le consentement ne sera plus demandé aux représentants légaux mais aux femmes elles-mêmes. Enfin le délai d’IVG serait garanti en moins de cinq jours après la demande, l’ancien projet de loi ne mentionnait, lui, aucun délai.
Pour aller plus loin :
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RTVE (28/05/2019) – La despenalización del aborto vuelve al Congreso argentino
El Pais (29/05/2019) – El aborto se abre paso en la campaña electoral argentina
Todo Noticias (29/05/2019) – Paso a paso: cómo es el trámite legislativo para que traten el aborto legal en el Congreso
Photo : Pixabay/DR