Aujourd’hui s’ouvre au Génopole d’Evry, le premier colloque international sur les cellules souches embryonnaires humaines.
L‘avancée des recherches dans le domaine de la recherche sur les cellules souches a connu un véritable tournant en novembre dernier quand Shinya Yamanaka et James Thomson ont réussi à transformer des cellules de peau humaines en cellules souches pluripotentes (cf. Synthèse de presse du 21/11/07). Ces nouvelles cellules, dites CPi (pour cellules souches pluripotentes induites, induced pluripotent stem, iPS en anglais) sont reprogrammées pour devenir des cellules aux capacités identiques à celles des cellules embryonnaires.
"Il est évident qu’à partir d’aujourd’hui, il faut aussi travailler sur ces cellules (CPi)" souligne Daniel Aberdam, directeur de recherche à l’Inserm. Il souhaite mettre en place un réseau national de recherche sur les CPi. "Toute notre expertise cumulée sur les cellules souches embryonnaires pourra être rapidement transposée à l’utilisation des CPi, pour comparer leurs potentiels respectifs" explique-t-il.
Pour certains la découverte des cellules CPi marquent un véritable coup d’arrêt aux recherches sur les cellules souches embryonnaires. "On a pratiquement tout misé sur l’embryon. Mais il est évident qu’il va falloir rebasculer une partie des subsides vers cette nouvelle voie de recherche" explique Grégory Katz-Bénichou, titulaire de la chaire de bioéthique et innovation thérapeutique à l’Essec.
Pour Marc Peschanski, directeur scientifique d’I-Stem : "si le Japonais Yamanaka a pu reprogrammer des cellules adultes pour en faire des CPi, c’est grâce précisément à tous les travaux qui avaient été effectués auparavant sur les cellules embryonnaires". Quant à Michel Pucéat (I-Stem ; Inserm), il explique que l’efficacité de la méthode utilisée pour obtenir les CPi est faible. Par ailleurs, ces 2 chercheurs mettent en avant l’avancée de leurs travaux avec les cellules souches embryonnaires.
Pour contrer les aspects éthiques soulevés par l’utilisation de l’embryon comme simple "matériau" biologique, Daniel Aberdam explique : "un seul embryon surnuméraire est à l’origine de la lignée de cellules sur laquelle nous travaillons actuellement. Et les chercheurs du monde entier ne travaillent que sur une vingtaines de lignées. Nous n’avons aucun intérêt à utiliser des embryons sans raison".
Pour Grégory Katz Bénichou, en revanche "morceler la vie humaine, dire qu’à telle étape du développement, ce ne serait plus de la vie humaine, cela pose problème au regard de la condition humaine".
Et La Croix de conclure "les chercheurs sont bien conscients qu’à partir du moment où une technique n’est pas acceptée par l’ensemble de la société, cette technique fût-elle la meilleure, il est nécessaire de continuer à s’interroger".
La Croix (Marianne Gomez) 31/01/08 – Le Parisien (Alexandra Echkenazi) 31/01/08