Un cas sensible de l’application de la loi Leonetti

Publié le 16 Mar, 2009

Le 25 novembre 2008, Patrick Koffel, un homme cérébro-lésé depuis 4 ans à la suite d’un grave accident de moto, est mort après avoir été privé d’alimentation.

Quelques mois après son accident de moto en 2004, Patrick Koffel s’est réveillé de son coma. Il est tétraplégique et trachéotomisé. Il ne peut communiquer qu’avec le regard et, pour sa femme Chantal, il aurait fait savoir qu’il voulait que ça s’arrête. Le 15 septembre 2007, Chantal et ses trois enfants âgés de 16 à 32 ans demandent que Patrick bénéficie d’un "arrêt de vie", conformément à la loi Leonetti. Après le refus de l’établissement où il était soigné, les Koffel font appel au professeur Régis Aubry, chargé de mission pour le programme national de développement des soins palliatifs et inspirateur de la loi sur la fin de vie. Jean Leonetti intervient lui aussi. Finalement, l’équipe médicale se résout à l’arrêt de l’alimentation de Patrick Koffel, le 14 novembre 2008.

Patrick Koffel est alors sédaté mais dans des conditions que sa famille dénonce : "la sédation de mon mari a été insuffisante, car l’équipe médicale avait peur d’accélérer la mort. L’agonie a été terrible, longue et éprouvante. Trois jours cela aurait été supportable, onze jours ce fut ignoble. C’est comme si on voulait nous faire payer notre décision d’arrêt de vie", explique Chantal Koffel.

Danièle et Paul Pierra, dont le fils Hervé est mort six jours après l’arrêt de son alimentation artificielle, (cf. Synthèse de presse du 09/05/08) s’insurgent : "on est dans une situation d’euthanasie à la française, qui ne dit pas son nom. A la différence qu’au lieu de faire partir les personnes en quelques jours, on les fait mourir à petit feu". Gilles Antonowicz, avocat de Mme Koffel, explique lui que pour "sacrifier à l’illusion d’une non-euthanasie, on arrive à ces situations extravagantes". Mais, pour Jean Leonetti, "les familles ne peuvent pas demander que cela s’arrête de façon rapide et brutale. Répondre à la demande d’abréger le processus d’agonie serait franchement euthanasique". Quant à Régis Aubry, il conclut que le temps de l’agonie "peut paraître long mais n’est pas forcément vain. Il est nécessaire à la maturation psychique et à l’acceptation de la perte".

Le Monde (Cécile Prieur) 14/03/09

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