Une équipe du Children’s Hospital of Philadelphia (CHOP) et de Penn Medicine indique être parvenue à traiter un enfant atteint d’une maladie génétique rare grâce à une thérapie d’édition génétique « personnalisée ». Les chercheurs ont publié leurs résultats dans le New England Journal of Medicine [1].
Une première dose administrée à 6 mois
L’enfant, KJ Muldoon, est né avec une maladie métabolique rare connue sous le nom de déficit sévère en carbamoyl phosphate synthétase 1 (CPS1). Après avoir passé les premiers mois de sa vie à l’hôpital, soumis à un régime alimentaire très strict, KJ a reçu la première dose de sa thérapie en février 2025, vers l’âge de six mois, puis d’autres doses au mois de mars et d’avril.
« Nous espérons qu’il est le premier d’une longue série à bénéficier d’une méthodologie qui peut être adaptée aux besoins d’un patient donné », a déclaré le Dr Rebecca Ahrens-Nicklas, directrice du Gene Therapy for Inherited Metabolic Disorders Frontier Program (GTIMD) à l’hôpital pour enfants de Philadelphie et professeur adjoint de pédiatrie à la Perelman School of Medicine de l’université de Pennsylvanie.
Une thérapie d’édition de base conçue en 6 mois
Jusqu’à présent, les chercheurs avaient mis en œuvre les outils d’édition génétique pour cibler des maladies plus courantes qui touchent des dizaines ou des centaines de milliers de patients, comme la drépanocytose et la bêta-thalassémie (cf. CRISPR or not CRISPR ? La FDA approuve deux thérapies géniques pour la drépanocytose). Ici, le Dr Ahrens-Nicklas et le Dr Musunuru ont ciblé le variant spécifique de CPS1 de KJ, identifié peu après sa naissance. En l’espace de six mois, leur équipe a conçu et fabriqué une thérapie d’édition de base délivrée par des nanoparticules lipidiques dans le foie, afin de corriger l’enzyme défectueuse du nourrisson (cf. ABE : un « éditeur de base » qui vient compléter l’outil CRISPR).
En avril 2025, KJ avait reçu trois doses de la thérapie sans effets secondaires graves. KJ tolère désormais une alimentation plus riche en protéines et a besoin de moins de médicaments. « Même si KJ devra être surveillé de près pour le reste de sa vie, nos premiers résultats sont très prometteurs », considère le Dr Ahrens-Nicklas. Pour le médecin, « les promesses de la thérapie génique dont nous entendons parler depuis des décennies sont en train de se concrétiser et vont transformer radicalement notre approche de la médecine ».
Complément du 22/05/2025 : Un certain nombre de spécialistes, dont le Pr Alain Fischer, ancien président de l’Académie des sciences, appellent à la prudence : « Communiquer après sept semaines de recul, cela déroge à toutes les règles scientifiques ».
[1] Musunuru et al, Patient-Specific In Vivo Gene Editing to Treat a Rare Genetic Disease, New England Journal of Medicine (2025). DOI: 10.1056/NEJMoa2504747
Source : Medical Xpress, Children’s Hospital of Philadelphia (15/05/2025) ; L’Express, Stéphanie Benz (21/05/2025) – Photo : iStock