Un bébé suite à une autogreffe de tissu ovarien

Publié le 4 Jan, 2021

L’autogreffe du tissu ovarien est une technique médicale de préservation de la fertilité naturelle au service des femmes victimes d’un cancer. Un procédé qui permet d’éviter le recours à toutes formes de PMA.

Mathis est un petit garçon de quatre mois en pleine santé. Son arrivée fut une heureuse nouvelle pour Gwenola, sa maman, âgée de 27 ans et éprouvée par un lymphome quelques années auparavant. La naissance de Mathis a été rendue possible grâce à une opération de « préservation de la fertilité » : avant de commencer les traitements contre le cancer, qui peuvent entraîner une ménopause précoce, les médecins ont proposé à la jeune femme de prélever et congeler une partie de ses ovaires. La réserve d’ovocytes de la jeune femme a ainsi été « mise à l’abri » le temps du traitement, puis réimplantée. Cinq mois après la greffe, Gwenola retrouvait un cycle, et les examens échographiques confirmaient la reprise du fonctionnement de ses ovaires. Un an plus tard, elle démarrait une grossesse sans recours à la procréation médicalement assistée.

Traiter l’infertilité ?

Le CHU de Besançon pilote depuis 2013 le protocole de recherche national DATOR (Développement de l’autogreffe du tissu ovarien dans le but de restaurer la fonction ovarienne) dont a bénéficié Gwenola. La principale difficulté consiste à ne pas réimplanter de cellules malignes avec le tissu ovarien. Pour cela, l’équipe de recherche a mis au point une méthode précise de détection et de comptage des cellules. En outre, les chercheurs travaillent aussi sur la possibilité d’isoler des follicules ovariens à partir de l’ovaire congelé, et de greffer uniquement ces follicules au niveau de l’ovaire restant.

L’étude DATOR a pris fin en 2020. Cette technique aura-t-elle fait ses preuves face aux autres moyens de « préserver la fertilité » des femmes devant subir un traitement reprotoxique ? Congélation des ovocytes, congélation d’embryons, ces autres palliatifs nécessitent le recours à la procréation médicalement assistée, alors que l’autogreffe de tissu ovarien restaure véritablement la fertilité après la maladie. Avec toutefois l’inconnue non négligeable des conséquences de la congélation du tissu ovarien et des ovocytes qu’il contient. Un champ de recherche important, qui pourraient concerner des milliers de femmes, car chaque année en France, 17.200 personnes en âge de procréer se voient diagnostiquer un cancer.

Cet article de la rédaction Gènéthique a été publié initialement sur Aleteia sous le titre : Une naissance inespérée grâce à une autogreffe du tissu ovarien

Camille YAOUANC

Camille YAOUANC

Expert

Docteur en pharmacie Thèse sur la clause de conscience Master en bioéthique de l'IPLH

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