Plusieurs leaders internationaux dans l’édition de gènes ont lancé un appel en faveur d’une interdiction de dix ans de l’édition du génome humain héréditaire, prolongeant ainsi le moratoire proposé suite à l’utilisation de l’outil CRISPR sur des embryons humains par un chercheur chinois (cf. He Jiankui : pas d’excuses, pas de regrets ?). Il a été publié dans la revue Cytotherapy [1], le journal de la Société internationale de thérapie cellulaire et génique (ISCT).
Les auteurs de cet appel soulignent que la « nécessité médicale » et la « sécurité de la procédure » n’ont pas été prouvées, insistant par ailleurs sur les problèmes éthiques soulevés par cette technique (cf. Edition du génome humain : un sommet pour promouvoir l’éthique ?). En effet, l’édition de la lignée germinale pourrait être utilisée pour créer des « bébés sur mesure » dotés des « caractéristiques souhaitées » (cf. Etats-Unis : une clinique californienne propose des “bébés sur mesure”). Ce qui « soulève la possibilité de l’eugénisme » qu’ils définissent comme « l’amélioration programmée de la descendance pour quelques privilégiés » (cf. L’eugénisme : une pratique interdite… mais florissante).
Dès lors, « toute justification de l’application de l’édition du génome humain héréditaire, même dans le contexte de besoins médicaux graves et non satisfaits, doit tenir compte de son impact individuel, sociétal et politique sur la dignité humaine, l’équité et la justice », affirment les auteurs.
Ils proposent plusieurs mesures pour restreindre l’utilisation de cette technique et « créer des garde-fous pour les recherches futures sur le sujet » : renforcer les traités et les lois nationales, en empêchant que ces technologies ne soient brevetées, et supprimer le financement des chercheurs qui mèneraient des recherches sur le sujet pendant la durée du moratoire. Compte-tenu que « le génie génétique humain soulève des questions fondamentales liées à la nature de la personne humaine et à l’avenir de l’humanité », les scientifiques ne sauraient agir seuls, « sans transparence ni contrôle réglementaire », décidant du calendrier et des conditions des applications potentielles (cf. Des bébés génétiquement modifiés ? « Inacceptable à l’heure actuelle » pour les scientifiques).
[1] International Call for a 10-Year Moratorium on Heritable Human Genome Editing, A multi-stakeholder initiative to ensure safe and responsible use of genetic technologies, David Barrett, Paula Cannon, Miguel Forte, Tim Hunt, Queenie Jang and Devyn Smith, Cytotherapy (21 May 2025), DOI: 10.1016/j.jcyt.2025.05.007
Source : Fierce biotech, Darren Incorvaia (28/05/2025) – Photo : iStock