A l’heure où l’affaire Vincent Lambert se trouve devant la Cour européenne des droits de l’homme, de nouveaux membres de la famille sortent de l’ombre, un soeur et un demi-frère de Vincent Lambert. “Nous ne pouvons plus nous taire“, expliquent-ils.
Dans une tribune publiée par le quotidien Le Figaro, Anne Lambert et David Philippon se disent “profondément meurtris par l’état de Vincent, par les défauts et refus de soins dont il est victime depuis bientôt deux ans, et la volonté délibérée et les manoeuvres pour l’euthanasier à toute force, y compris par certains membres de sa famille“.
“Non, Vincent n’est pas un légume. L’état dit végétatif qu’on lui a collé est un terme péjoratif qui est contesté par certains spécialistes, car il ne correspond pas à la réalité. Ils lui préfèrent le terme cliniquement exact ‘d’état d’éveil sans réponse’ “. Ils poursuivent : “Vincent dort, se réveille, suit parfois son entourage des yeux, réagit à certaines sollicitations, n’est branché à aucune machine, ne reçoit aucun traitement qui le maintiendrait en vie. Vincent n’a besoin que d’être nourri et hydraté.”
Au prétexte qu’il s’agissait “d’un traitement médical“, le Dr Kariger a souhaité arrêt de l’alimenter et de l’hydrater. Or, précisent la soeur et le demi-frère de V. Lambert, “cesser de nourir et d’hydrater n’a d’autres but que de provoquer délibérément la mort de Vincent qui, faut-il le rappeler, n’est pas en fin de vie“.
“Famille unie autour de Vincent, […] un homme l’a fait éclater en avril 2013: le Dr Kariger, lorsqu’il a convaincu Rachel [ndlr: la femme de V. Lambert] de mettre fin à la vie de Vincent par arrêt de son alimentation” précisent-il.
Mais pourquoi lui donner la mort s’interrogent la soeur et le demi-frère de V. Lambert? “Ce n’est pas parce que le fait d’entourer Vincent est pénible pour son entourage que Vincent, qui ne demande rien à personne, doit être mis à mort.” De même “ce n’est pas parce que Vincent a une conscience altérée qu’il n’est plus un homme. À ce compte, il faudrait se débarrasser des handicapés mentaux et des déments au lieu d’en prendre soin.“
Aujourd’hui, “qui a le pouvoir, sous prétexte qu’il est bien portant, de décider de la mort d’une personne parce qu’elle serait gravement handicapée? Ni vous, ni nous.” et “qui peut dire que Vincent veut mourir? Personne“.
Par conséquent “pourquoi lui infliger toutes ces maltraitances, pourquoi lui refuser depuis deux ans la kinésithérapie de confort qui constitue une exigence de soin de base, pourquoi ne lui faire aucune stimulation sensorielle, pourquoi ne lui donner comme seul horizon que le plafond de sa chambre sans le mettre chaque matin dans un fauteuil moulé sur mesure, comme l’exigent les bonnes pratiques? Pourquoi refuser qu’il puisse sortir et le laisser enfermé sous clé, dans sa chambre, comme un prisonnier dans le couloir de la mort?“. Des questions auxquelles la soeur et le demi-frère de V. Lambert aimeraient avoir des réponses.
Le Figaro (Anne Lambert – David Philippon) 04/09/2014