[Tribune] Jacques Testart : la FIV à “trois parents” ouvre la voie au clonage humain

Publié le 11 Fév, 2015

Jacques Testart[1], biologiste de la procréation et critique de science, (expert Gènéthique), publie une tribune dans les pages de Libération. Il revient sur l’actualité au Royaume-Uni, en passe de voter définitivement la FIV “par remplacement mitochondrial” c’est-à-dire la fabrication d’un enfant avec trois parents (Cf. Synthèse Gènéthique du 4 février 2015).

Face à la première manipulation génétique des lignées germinales de l’espère humaine, il s’agit de s’interroger un peu plus longuement sur les conséquences à terme. En effet, il explique que jusqu’à présent, “les mitochondries étaient transmises à tous les enfants par leurs mères depuis le début et jusqu’à la fin des temps”.

Jacques Testart pointe du doigt la multiplication des manipulations génétiques pour arriver à un “produit enfant” conçu par des “combinaisons d’éléments biologiques” : gamètes étrangères au couple, location d’utérus, remplacement mitochondrial.

Enfin le biologiste fait une comparaison entre la FIV dite “par remplacement mitochondrial” et la technique de clonage employée pour la fabrication de la brebis Dolly, premier mammifère cloné. Dolly aussi présentait une “double origine du génome femelle” du fait de la substitution, par une donneuse, d’un noyau maternel de l’ovule. La seule différence entre ces deux méthodes est le moment où intervient la fécondation. “Plutôt que de transférer le matériel nucléaire d’un ovule à l’autre, il est possible de transférer dans un ovule réceptacle (ou dans une cellule d’un autre embryon pourvu des bonnes mitochondries) un noyau embryonnaire prélevé deux jours après la fécondation (stade de 4 cellules)”. Et comme au stade de 4 cellules, toutes les cellules embryonnaires sont totipotentes et capable (chacune) de permettre le développement d’un enfant, la technique pourrait être plus efficace. Une nouvelle dérive que Jacques Testart déplore.

Ainsi, derrière les appellations tantôt “obscure” (enfant à “trois ADN”), tantôt “anodine” (“remplacement mitochondrial”), Jacques Testart comprend que le Royaume-Uni est peut-être sur le point d’“engager le débordement de l’unique engagement bioéthique international à ce jour : celui du clonage humain”.

Note de Gènéthique

Jacques Testart est une voix d’autorité supplémentaire qui exprime sa grande réserve sur cette première mondiale (Cf. Synthèses Gènéthique du 5 février 20156 février 20159 février 2015 et Gènéthique vous informe du 3 février 2015).

[1] Jacques Testart vient de publier L’humanitude au pouvoir. Comment les citoyens peuvent décider du bien commun, Seuil, 2015.

Libération (Jacques Testart) 11/02/2015

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