L’entreprise Synchron a annoncé qu’un Américain handicapé, atteint d’une maladie du motoneurone[1], avait commencé à utiliser une fonction d’intelligence artificielle, le GPT-4 d’OpenAI, pour l’aider à communiquer à une vitesse « conversationnelle ».
Cette intégration d’un vaste modèle linguistique dans la technologie cérébrale de Synchron permet à l’entreprise de devancer Neuralink dans la « course à la commercialisation d’une interface cerveau-ordinateur » qui permet aux personnes de commander un ordinateur par la pensée (cf. Neuralink : un essai clinique annoncé en 2022 ; Neuralink : plainte et enquête pour maltraitance animale).
Alors que Neuralink a implanté son premier dispositif chez un être humain en janvier 2024, Synchron, fondée en 2012 à Melbourne, a implanté sa première interface cerveau-ordinateur sur un humain en août 2019, puis elle a été placée chez neuf autres patients (cf. Interface cerveau-machine : essais aux Etats-Unis). A l’issue de la première année d’implantation sur le dixième patient, dans le courant de l’année, l’entreprise souhaite demander à la FDA l’autorisation de commencer un « essai pivot » sur 50 personnes.
Vers un « essai pivot »
Lors de cette étape, nécessaire avant l’autorisation de mise sur le marché, la société devra démontrer que son produit « améliore » de manière significative la qualité de vie des patients. Selon Tom Oxley, la connexion du cerveau humain à l’intelligence artificielle pourrait y contribuer, car elle permettrait aux patients qui ont perdu la capacité de parler de communiquer à la vitesse d’une conversation (cf. Implants cérébraux : l’intérêt,et les craintes, de l’Académie de médecine).
A l’heure actuelle le dispositif qui utilise les ondes cérébrales et les yeux du patient pour déplacer un curseur sur l’écran est plus lent. Désormais, le nouveau dispositif permettra d’accélérer le processus en anticipant ce que le patient veut dire, et en lui proposant une gamme d’options en un seul clic. De plus, l’entreprise ajoute également les émotions « positif », « neutre » et « négatif » aux équations. Elle envisage d’y ajouter « frustré » ou « impatient ». « Nous demandons au GPT de générer des messages en fonction de l’état émotionnel dans lequel vous vous trouvez. C’est ce que nous appelons la catégorisation émotionnelle » explique Tom Oxley.
Un pas vers le transhumanisme ?
Alors qu’Elon Musk n’a pas caché son objectif à long terme d’utiliser une interface cerveau-ordinateur pour étendre les performances des humains en bonne santé au-delà des limites actuelles (cf. Le Chili veut garantir les droits du cerveau). De son côté, Oxley admet que cette nouvelle technologie est un pas vers le transhumanisme, mais il précise que « ce n’est pas la direction que prend Synchron ». « La mission est d’aider les personnes dont le corps est défaillant à rester connectées au monde. La mission n’est pas d’atteindre le transhumanisme » explique-t-il. « Je pense qu’il y aura un moment où nous commencerons à réfléchir à ce que cela signifie, cela soulève un tas de questions morales et éthiques que nous devons prendre très au sérieux et je n’ai pas encore de cadre moral autour du transhumanisme avec lequel je me sente à l’aise » avertit le PDG de Synchron (cf. Interfaces cerveau-ordinateur : une menace pour notre vie privée ?).
[1] Les maladies du motoneurone sont caractérisées par une perte progressive des neurones moteurs entraînant des troubles de la motricité et une paralysie progressive.
Source : Forbes, Mark Whittaker (19/07/2024)