Dans le vocabulaire juridique, « les biens ‘fongibles’ sont ceux existant en quantité ou qualité identiques et interchangeables ». Et s’il est évident pour Gérard Mémeteau, professeur émérite à la faculté de Droit de Poitiers, que cet état ne peut concerner que des choses, il dénonce une évolution législative qui nie la différence homme-femme et donc la singularité de chaque homme, rendant les humains interchangeables.
Mariage pour tous, PMA pour toutes, conversion sexuelle, « il n’y a plus d’homme ni de femme objectifs, ce qui mène à leur interchangeabilité ». PMA et GPA accentuent cette fongibilité, cette négation de l’individualité de l’être. Avec la PMA pour toutes, au nom du désir d’avoir un enfant sans passer par l’engendrement, l’enfant est considéré « comme objet de cette volonté, comme un bien et non une personne ». La GPA fait de même avec la mère porteuse qu’elle « écorche de son statut humain ; elle est une machine, et l’enfant un produit ».Ces évolutions législatives « procèdent de la fusion – de la confusion – des sexes et de l’exacerbation du principe égalitaire transformant toute différence en inégalité. » D’où l’arrivée prévisible de la GPA qui sera revendiquée au nom de l’égalité entre couples de femmes et couples d’hommes.
« La fongibilité des êtres va plus loin : elle passe par la reconnaissance du statut de personne juridique à des vivants non humains ». « Déniée à l’enfant de l’homme avant sa naissance », la personnalité juridique est accordée à de grands singes ou à des dauphins… « L’homme objectif n’existe pas ; il est remplacé par une entité mécanique à usages multiples. On ne sait pas trop si le législateur en a pris pleinement conscience (…). C’est, semble-t-il, le fruit de la déshumanisation provoquée par cette fongibilité, par laquelle toute réalité entre dans le commerce, suivant la seule loi de ‘l’offre et du désir’ ».
ECLJ, Gérard Mémeteau, Professeur émérite à la Faculté de Droit de Poitiers (15/12/19)