Tourisme procréatif : L’Espagne continue d’attirer les françaises

Publié le 7 Sep, 2015

La clinique Eugin, en Espagne, « a été créée il y a quinze ans pour accueillir les français qui ne veulent pas attendre trois ans pour recevoir un don d’ovocytes ou pour lesquels la PMA est illégale », explique Sergio Calatayud, responsable marketing de la structure. Rachetée récemment par un groupe médical Quatari, cette clinique propose la PMA aux étrangères pour la somme de 6 000€. Elle prévoit de « tripler sa surface » dans les prochains mois. La rapidité est le principal argument pour attirer les françaises : « En un mois, vous pouvez être enceinte » promet le site web.

 

Le protocole est « rodé, fluide » : « le premier rendez vous est possible dès le lendemain de la prise de contact – après un prédiagnostic en ligne – et même sur skype ». La permanence téléphonique est ouverte sept jours sur sept. A l’issue de la première consultation, « chacune reçoit une carte à puce, le ‘Witness’, pour suivre les précieux gamètes et les embryons associés à son dossier ». Le rendez-vous suivant est fixé pour le transfert des embryons : « une demi heure en salle d’opération, sous sédatifs ; le retour chez soi est possible le soir même ».

 

La législation espagnole étant « plus libérale » qu’en France, la clinique Eugin peut ouvrir ses portes « aux femmes célibataires, aux homosexuelles et aux futures mères jusqu’à 50 ans ». Un autre « avantage » mis en avant par la clinique Eugin : « la générosité des espagnoles », qui sont nombreuses à donner leurs ovocytes[1]. Le don de gamètes est « bien dédommagé »[2], pour « compenser les désagréments dus aux stimulations hormonales, à l’anesthésie générale et aux absences au travail ».  Il reste néanmoins anonyme : les locaux accueillant les receveuses sont « exigus, d’un gris sec hygiénique », bien séparés de ceux réservés aux donneuses, « plus modernes », pour « éviter toute rencontre » entre ces femmes.

 

78 nationalités « se croisent » dans cette clinique particulière, mais 44% des traitements sont « destinés aux françaises ». Eugin propose également le « protocole Timefreeze » aux femmes « désirant vitrifier leurs ovocytes sans raisons médicales » (cf. Gènéthique du 9 juin 2015). Sur les 324 « patientes à  avoir sauté le pas » depuis 2011, 58% sont des françaises.

 

« La méthode a trouvé ses clients », particulièrement en France. Elle est cependant controversée, et qualifiée sur les forums d’« usine à fric » où la « communication est difficile ». Monique Bydlowski, psychanalyste spécialisée dans l’infertilité, dénonce l’argument de « rapidité » dont la clinique a fait un « argument commercial » : « cette promesse est une folie qui entretient le sentiment d’urgence des couples ; les réponses techniques rapides empêche d’élaborer les raisons du désir d’enfant et des difficultés à concevoir ». Elle est également critique sur le don de gamètes : en consultation, elle « rencontre des femmes assez désemparées de sentir grandir en elles un enfant en partie étranger ».

 

Note de Gènéthique :

La clinique Eugin a réalisé en juin 2015 un sondage avec Opinionway sur les français et la PMA : cf. Gènéthique du 30 juin 2015.

 

 

[1] « En 2014, 3 524 femmes sont venues offrir leurs gamètes à la clinique ; c’est presque six fois plus que le nombre totale de donatrice dans toute la France »

[2] « évalué à 1 000€ par la loi – le salaire minimal est de 756€ »

 

Elle (21/08/2015)

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