Thérapie cellulaire : Des “neurones de remplacement” pour palier les lésions cérébrales

Publié le 12 Mar, 2015

Une équipe de chercheurs franco-belge[1] menée par Pierre Vanderhaeghen et Afsaneh Gaillard vient de publier une découverte dans la revue Neuron. Il s’agit d’essais de  thérapie cellulaire réalisés sur des souris de laboratoire. Ces chercheurs ont montré qu’il est possible chez la souris adulte de réparer une zone lésée du cortex cérébral visuel via une greffe de cellules souches embryonnaires de souris reprogrammées en neurones visuels.

 

La thérapie cellulaire désigne les greffes de cellules visant à réparer ou régénérer un organe ou un tissu lorsqu’ils sont altérés par un accident, une pathologie ou le vieillissement. Ici, les chercheurs se sont intéressés aux neurones du cortex cérébral, qui ont chez l’adulte une capacité de régénération très limitée. La transplantation de « neurones de remplacement » constitue donc une solution « enthousiasmante » aux lésions cérébrales. « Ces travaux ouvrent de nouvelles voies d’approche de réparation du cerveau endommagé, notamment après accidents vasculaires ou traumatismes cérébraux » ou lésé à cause d’une maladie neuro-dégénérative ou neurologique.

 

Selon leurs résultats, « la restauration des voies lésées n’est possible que par des neurones de même type que la région lésée » : « les neurones qui avaient été déterminés pour devenir du cortex cérébral visuel sont effectivement actifs quand ils se sont intégrés dans cette partie du cortex qui a été lésée. Mais ils sont inefficaces quand c’est le cortex moteur qui a été lésé. Et inversement. C’est peut-être la raison pour laquelle des essais antérieurs chez l’homme ont donné des résultats aléatoires. Ces résultats-ci confortent une technique qui programme de manière plus avancée les neurones de remplacement. En utilisant certaines molécules ou gènes à ajouter, on peut les déterminer en neurones visuels ou moteurs par exemple, en fonction des neurones qui sont précisément à remplacer. »

 

Cette publication n’est pas la première dans le domaine : « Nous avions successivement prouvé que le neurone greffé n’était pas rejeté, qu’il faisait réseau avec ses voisins plus anciens, mais il fallait vérifier que la fonction perdue par l’accident était rétablie. En vérifiant que les neurones nouvellement induits réagissent effectivement à un stimulus visuel en étant stimulé électriquement, nous l’avons démontré. L’étape suivante, qui est en cours de test, c’est de montrer que c’est effectif également avec des neurones humains greffés sur des souris », explique le professeur Pierre Vanderhaeghen.

 

Conjointement, prévoyant une éventuelle utilisation à grande échelle de ces techniques, la même équipe mène d’autres recherches sur l’utilisation de cellules souches issues de cellules de peaux reprogrammées (Cellules iPS), une technique mise au point par le Pr Yamanaka en 2006.

 

Le Figaro, 13/03/2015 – Neuron 4/03/2015 – Le Soir 5/03/2015

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