Soins palliatifs : un premier bilan de la stratégie décennale

20 Mar, 2025

Mardi, la ministre du Travail, de la Santé , des Solidarités et des Familles, Catherine Vautrin, et Yannick Neuder, en charge de la Santé et de l’Accès aux soins, ont dressé un premier bilan de la stratégie décennale sur les soins palliatifs (cf. Soins palliatifs : deux stratégies triennale et décennale qui se chevauchent). Le mot d’ordre : satisfecit.

Des réalisations en 2024

La stratégie décennale pour les soins palliatifs et d’accompagnement bénéficie d’un financement de 100 millions d’euros chaque année sur 10 ans, rappelle Catherine Vautrin. Un budget inscrit au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, précise Yannick Neuder [1]. Le reste devra être programmé sur les neufs prochains budgets (cf. Plan décennal sur les soins palliatifs : « il faudrait être naïf pour s’y fier »).

En 2024, 3 départements ont pu être dotés d’une unité de soins palliatifs (USP) et le nombre de lits hospitaliers a enregistré une hausse de 3% dans ces unités depuis 2021. Dans les autres services [2], l’augmentation a été de 7%.

Les équipes mobiles de soins palliatifs (EMSP) ont été renforcées, des équipes ont été créées. Ainsi on en recense 420 intervenant hors de l’hôpital « pour faciliter le maintien à domicile ». L’hospitalisation à domicile (HAD), a de son côté connu une hausse de 22% du nombre de patients pris en charge en soins palliatifs depuis 2022 et des postes de médecins spécialisés ont été financés. L’objectif étant de « donner à la filière soins palliatifs des capacités accrues de recherche et d‘enseignement et diffuser largement la démarche palliative parmi les soignants » (cf. Soins palliatifs : l’unité de Houdan ferme « temporairement » faute de médecin).

Des priorités pour les années à venir

L’Exécutif entend doter 6 départements dépourvus d’USP « d’ici fin 2025 » et « 4 de plus d’ici fin 2026 ». Des équipes d’hospitalisation à domicile d’intervention rapide en soins palliatifs (ERI-SP) doivent également être déployées : 15 sont déjà financées et 15 supplémentaires le seront cette année, annonce le Gouvernement.

Les soins palliatifs pédiatriques figurent aussi parmi les priorités : 2 unités ouvriront en 2025 en Auvergne-Rhône-Alpes et en Guyane.

Des « structures intermédiaires entre la ville et l’hôpital », appelées « maisons d’accompagnement » dans la proposition de loi, « pour les personnes qui ne veulent/peuvent pas rester à domicile sans pour autant être hospitalisées » doivent également être créées. Des maisons où pourraient être pratiquées des euthanasies si l’« aide à mourir » venait à être autorisée (cf. Fin de vie : les maisons d’accompagnement, « des maisons de la mort » ?).

Une volonté de rassurer ?

A quelques jours du début de l’examen des deux propositions de loi relatives l’une aux soins palliatifs et l’autre à la « fin de vie »[3], s’agit-il d’apaiser les esprits ? Yannick Neuder, bien qu’affichant une priorité pour les soins palliatifs, ne s’oppose pas à l’autorisation de l’euthanasie ou du suicide assisté dans « certains cas » et dans des conditions plus restreintes que celles envisagées par la proposition de loi qui va bientôt être soumise aux députés (cf. Une proposition de loi sur « la fin de vie » consacrée à l’« aide à mourir »). Le ministre affirme qu’il aurait toutefois préféré que l’examen du texte dédié à l’« aide à mourir » soit reporté pour « évaluer si les demandes d’aide à mourir perdurent ou non », une fois les soins palliatifs rendus véritablement accessibles.

Pourtant, l’expérience le montre : la légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté obère le développement des soins palliatifs (cf. Belgique, Pays-Bas, … : les soins palliatifs moins développés dans les pays qui autorisent l’euthanasie). Les deux logiques sont radicalement incompatibles. Face à ce choix de société, quelles seront les priorités des députés ?

 

[1] Le Monde, Yannick Neuder, ministre de la santé : sur la fin de vie, « le fait d’avoir deux textes permet à chaque parlementaire de se déterminer en son âme et conscience », Béatrice Jérôme (18/03/2025)

[2] lits identifiés de soins palliatifs – LISP

[3] Nommée ainsi bien que focalisée sur l’autorisation de l’« aide à mourir »

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