Sang de cordon : débat autour d’une proposition de loi

Publié le 5 Jan, 2010

Le quotidien La Croix consacre un dossier à la conservation du sang de cordon en France et aux problématiques soulevées par la proposition du député UMP Damien Meslot, de favoriser le développement des banques privées de sang de cordon en France. Au-delà de l’opposition privé- public, c’est la question de l’utilisation autologue ou allogénique du sang ainsi conservé qui est soulevée. La proposition faite par le député Damien Meslot vise à autoriser la conservation de sang de cordon autologue dans un modèle dit familial-solidaire, c’est à dire pour un éventuel usage ultérieur pour son propre enfant avec la possibilité de le céder à une autre personne si besoin est mais avec l’accord des parents. Il estime que cette loi est nécessaire pour permettre une augmentation des unités de sang de cordon ombilical conservées en France, nombre jugé aujourd’hui très insuffisant, 7 000 unités en 2008 (Rapport de la sénatrice Marie-Thérèse Hermange 2008) au lieu des 50 000 nécessaires pour répondre aux besoins de greffes en France.

Deux questions sont principalement débattues : la légitimité de faire payer aux parents (2 000 € environ) la conservation d’un sang en vue d’un usage autologue alors que cet usage autologue est très limité et celle du respect des principes de solidarité, anonymat et gratuité. Le dossier rappelle qu’en France la conservation du sang placentaire (qui a un statut de déchet opératoire) est permise seulement pour un usage allogénique. Le professeur Georges-Fabrice Blum, vice-président du Collège national des gynécologues obstétriciens (CNGOF) prône un modèle de banque privé solidaire, regrettant qu’en France aujourd’hui, de nombreux parents qui souhaitent conserver le sang de cordon de leur enfant se tournent vers des banques étrangères. Le président du CNGOF, le professeur Lansac, est lui, tout à fait opposé à cette proposition de loi, considérant que la conservation autologue du sang de cordon est inutile. Nico Forraz, également interviewé en tant que directeur du laboratoire Cryo-Save de France, explique que la recherche sur les cellules souches de sang de cordon ouvre des perspectives thérapeutiques extraordinaires et évoque notamment deux essais cliniques aux Etats-Unis chez des enfants souffrant d’infirmité motrice cérébrale qui auraient donné des résultats encourageants pour certains enfants traités avec leur propre sang de cordon. Grégory Katz, directeur de la Fondation Générale de santé s’oppose au modèle des banques privées au nom de la "non patrimonialité" du corps humain et a lancé avec la Fondation Générale de santé un partenariat entre cliniques privées et banques publiques de sang de cordon.

Aujourd’hui en France, il existe 6 banques de sang placentaire (Besançon, Créteil, Bordeaux, Paris, Lyon-Grenoble, Annemasse) et trois vont bientôt ouvrir (Montpellier, Poitiers, Marseille), enfin 12 maternités collectent le sang de cordon.

Le dossier évoque également deux ouvrages sur la bioéthique : Quand la science transforme l’humain, 20 scénarios pour demain par Jean Léonetti. De courtes nouvelles évoquent des situations de fiction liées aux principaux sujets des lois de bioéthique : recherche sur l’embryon, don d’organes, etc. Le second ouvrage est : Nascituri te salutant. La crise de conscience bioéthique , par Jean-Marie Le Méné qui évoque principalement le diagnostic prénatal et la recherche sur l’embryon. Il dénonce l’eugénisme de masse et regrette vivement que la France privilégie la recherche sur l’embryon " inefficace et qui détruit l’embryon " plutôt que la voie de la recherche sur les cellules souches adultes ou IPS, " innovante et qui ne détruit pas d’embryon ."

La Croix (Pierre Bienvault) 05/01/10

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