Roselyne Bachelot pour la levée de l’anonymat du don de gamètes

Publié le 31 Jan, 2011

Dans une tribune publiée dans Le Figaro, Roselyne Bachelot, ministre des solidarités et de la cohésion sociale et ex-ministre de la Santé, déclare ne pas comprendre la volonté de la Commission spéciale sur la bioéthique de maintenir le principe absolu d’anonymat du don de gamètes.

"Je ne rencontre aujourd’hui aucune bonne raison justifiant que l’Etat interdise toute possibilité d’accès à l’identité du donneur", déclare-t-elle tout en rappelant qu’"à lui seul, le principe d’anonymat ne constitue pas la garantie d’une démarche éthique": sa finalité est avant tout de "garantir le désintéressement d’un acte sans contrepartie financière" et de "rendre impossible la sélection du donneur par les couples infertiles".

Quelles sont donc les raisons pour lesquelles la Commission a fini par refuser la levée de l’anonymat : "s’agit-il simplement de maintenir une fiction de procréation conjugale classique, en occultant la réalité même du don ? S’agit-il de préserver la paix des familles ?"

Pour elle, l’anonymat est un risque pour l’enfant qui, quel qu’il soit, "cherche à s’inscrire charnellement dans une lignée humaine", et pour les parents qui "s’interdisent de bâtir sur la confiance" leur relation avec l’enfant. Si dans la filiation, l’essentiel réside certainement dans l’amour et l’éducation dispensée, il serait faux de compter pour rien la filiation biologique. D’ailleurs, "pourquoi s’opposer à cette recherche d’une hérédité biologique si celle-ci est vraiment quantité négligeable ? Si un couple choisit de recourir aux gamètes d’un tiers donneur, plutôt que d’adopter, n’est-ce pas déjà que cela compte pour les parents de retrouver dans l’enfant un peu de sa chair?"

Même l’argument selon lequel la levée de l’anonymat ferait baisser le nombre de dons ne peut être retenu : Roselyne Bachelot rappelle en effet que la levée de l’anonymat du don de gamètes en Grande-Bretagne en 2006 a été suivie d’une augmentation des dons. Quant à la Suède, elle réfléchit aujourd’hui à élever au rang de "droit du citoyen"  la connaissance de ses origines.

"Préconisée par le Conseil d’Etat, conforme à la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, l’ouverture d’une possibilité d’accès aux origines est une mesure de progrès qui permet de mieux prendre en compte l’intérêt de l’enfant et de repenser à cette aune les modalités du don de gamètes qui n’est pas tout à fait un don comme les autres", conclut-elle.

Le Figaro 29/01/11

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