Révolution biotechnologique et idéologie transhumaniste

Publié le 4 Juin, 2013
Dans une tribune publiée dans le supplément Science & Médecine du quotidien Le Monde, Laurent Alexandre, chirurgien urologue et président de DNAVision s’interroge sur l’évolution rapide des biotechnologies: “La première personne qui vivra mille ans est-elle déjà née?“. Après avoir évoqué l’idéologie transhumaniste qui vise à “euthanasier la mort“, il soutient que “la révolution biotechnologique pourrait permettre l’impensable en accélérant le grignotage de la mort“. En effet, depuis 1750, l’espérance de vie a plus que triplée, passant de 25 ans à plus de 80 ans aujourd’hui. 
 
Et de préciser: si l’on souhaite dépasser le “mur biologique naturel” de l’âge, cela  “suppose de modifier notre nature humaine par des interventions technologiques lourdes en utilisant la puissance des NBIC (nanotechnologies, biologie, informatique et sciences cognitives)“. Mais si fusion entre la biologie et les nanotechnologies il y a, la conséquence serait alors la “transform[ation] [du] médecin en ingénieur du vivant“, ce qui lui “donnera peu à peu un pouvoir fantastique sur notre nature, dont le bricolage semble sans limite“.
 
Selon Laurent Alexandre, “d’ici à 2025, l’ingénierie du vivant – thérapies géniques, cellules souches, organes artificiels – va à coup sûr, bouleverser le système de santé“. Alors que “la demande de vivre plus longtemps est insatiable“, le président de DNAVision tient à alerter sur le fait que “le prix à payer pour allonger beaucoup notre espérance de vie serait lourd“. En effet, cela impliquerait “une modification radicale de notre fonctionnement biologique et de notre génome” et “le plus gros obstacle deviendrait notre cerveau. A quoi bon [interpelle-t-il] vivre plusieurs siècles avec un cerveau sclérosé?“. Car “maintenir notre cerveau durablement plastique suppose une ingénierie lourde“, et qui, à long terme, est “la porte ouverte à un contrôle biologique de notre cerveau sous l’égide du système de santé“. 
 
Par conséquent, si “vivre très longtemps peut devenir une réalité“, il ne faut pas perdre de vue que ce sera “au prix d’une redéfinition complète de l’humanité“. Est-on prêt à cela? 
 

 Le Monde – Supplément Science & Médecine ( Laurent Alexandre) 05/06/2013

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