Révision des lois de bioéthique : un point sur le DPI

Publié le 28 Mai, 2009

A l’occasion des Etats généraux de la bioéthique, Le Monde Diplomatique revient sur plusieurs sujets, notamment le diagnostic prénatal (DPN) et préimplantatoire (DPI), ainsi que  la recherche sur l’embryon.

En ce qui concerne le DPI, Le Monde Diplomatique rappelle la position de l’Agence de la biomédecine qui, en 2008, s’est prononcée en faveur d’un élargissement du DPI à certaines prédispositions (notamment pour certains cancers) et souhaitait augmenter le nombre de centres de DPI (cf. Synthèse de presse du 11/04/08).

Le Pr Arnold Munnich, chef de service génétique de l’hôpital Necker à Paris (l’un des trois centres autorisés en France à pratiquer le DPI) et conseiller de Nicolas Sarkozy, se montre très prudent face au déterminisme génétique, rappelant notamment qu’une prédisposition ne signifie pas que la personne va développer la maladie. Le Pr Munnich s’oppose également à la recherche sur l’embryon : "ma conception de la vie, fait que je préfère qu’un embryon soit détruit plutôt que d’être asservi à un projet où il est instrumentalisé comme une fabrique d’organes" (entretiens avec Jean-François Picard, 1er mars 2003).

Le Monde Diplomatique explique que l’Agence de la biomédecine était, jusqu’en 2008, sous l’autorité de personnes favorables au DPI et à la recherche sur l’embryon. Jacques Testart, ancien directeur de la recherche à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), décrit une institution "complètement noyautée par des personnes issues des Cecos (Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme) et de l’Académie de médecine. Ils constituent un lobby redoutable, ont des façons quasi vétérinaires et sont favorables à tout ce qui est faisable". La nouvelle directrice nommée en juillet 2008, Emmanuelle Prada-Bordenave (cf. Synthèse de presse du 09/07/08), "semble incarner une position de compromis", précise la journaliste.

L’ancien président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE), Didier Sicard, s’était inquiété des diagnostics prénataux qui "réduisent la personne à une caractéristique". Depuis, le président et les membres ont été renouvelés et priés de s’occuper de questions moins dérangeantes.

Chaque année, l’Agence de la biomédecine publie une liste non officielle des maladies diagnostiquées dans les trois centres. L’équipe qui pratique le DPI à Strasbourg revendique sa liberté d’interpréter la loi et accepte par exemple les demandes de DPI pour l’anomalie impliquée dans le nanisme.

Au niveau international, les législations en la matière sont très différentes. Notons qu’aux Etats-Unis "des dizaines de centres de procréation américains proposent à des gens qui n’ont strictement aucune maladie de passer par un DPI pour s’assurer que leur embryon sera porteur du moins de risques possible", explique un membre de la commission éthique et droit de l’Académie de médecine. D’autres couples utilisent cette pratique pour donner naissance à des enfants atteints du même handicap qu’eux comme le nanisme ou la surdité.

La journaliste fait le point ensuite sur la recherche sur l’embryon expliquant que c’est le sort réservé aux embryons dits "surnuméraires" ou à ceux non sélectionnés pour être réimplantés lors d’un processus de DPI. En France, l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) dénonce le retard de la France dans ce domaine, tout en se félicitant de l’avancée des recherches sur les cellules souches issues du sang de cordon ombilical.

Et la journaliste de conclure en espérant que la compétition se déroule au bénéfice des patients. "Rien  n’est moins sûr si les stratégies de brevetage excessifs deviennent la règle", souligne-t-elle avant d’évoquer le nombre de brevets déposés par l’industrie pharmaceutique.

Le Monde Diplomatique (Emilie Guyonnet) Juin 2009

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