Dans une récente interview accordée au Journal du Dimanche et « comme depuis des années », René Frydman réclame « l’autorisation d’un dépistage ADN dans certains cas de fécondation in vitro », c’est-à-dire une extension du diagnostic préimplantatoire aux aneuploïdies. Une proposition faite à l’heure de la révision de la loi de bioéthique mais à laquelle le gouvernement s’oppose : « Quelles sont les maladies que l’on ne souhaite plus voir vivre ? C’est une dérive eugénique claire », a ainsi commenté Agnès Buzyn lors du débat en Commission au sujet d’un amendement MoDem qui visait à élargir le diagnostic préimplantatoire (cf. Dernières auditions de la Commission spéciale bioéthique : une détermination que l’on peut craindre…). Un raisonnement dont René Frydman pointe l’incohérence : « Ceux qui parlent d’eugénisme en pensant à la trisomie 21, ne sont pas opposés au dépistage ADN pratiqué au moyen d’une prise de sang au début de la grossesse [ie au diagnostic prénatal de la trisomie 21]. C’est absurde », écrit-il. Il revendique donc de nouveau de « traquer les anomalies chromosomiques » chez l’embryon issu de fécondation in vitro, avec une « expérimentation » de trois ans, et encadrée par l’Agence de Biomédecine.
« Qui, de René Frydman ou d’Agnès Buzyn doit tracer la frontière entre ce qui est du ressort de l’eugénisme et de ce qui ne l’est pas ? La porte, ici, a été entrouverte avec la légalisation du DPI. Un quart du siècle plus tard la question se pose, comme on pouvait aisément le prévoir. Elle se reposera. L’embryon est un sujet inflammable », conclut Jean-Yves Nau, journaliste et docteur en médecine.
Pour aller plus loin : Le Pr René Frydman auditionné sur la PMA : l’enjeu majeur est la recherche sur l’embryon
Jean-Yves Nau (23/09/2019), “L’embryon humain est un sujet inflammable” Qui mettra le feu au sujet de l’eugénisme ?