Régis Aubry : résister à l’euthanasie

Publié le 26 Nov, 2010

Alors que le Sénat débattra en janvier 2011 sur "l’aide active à mourir" (Cf. Synthèse de presse du 03/11/10), le Dr. Régis Aubry, directeur de l’Observatoire national de la fin de vie, créé en février 2010, n’hésite pas à s’opposer à ceux qui veulent résoudre la question de la fin de vie de façon simpliste (Cf. Synthèses de presse du 10/02/10 et du 30/04/10). "Parce qu’elle se situe à la limite des savoirs, cette question complexe doit au contraire bénéficier d’une approche très rigoureuse" a-t-il insisté lors de la clôture du premier séminaire de l’Observatoire intitulé "Euthanasie et suicide assisté : état des connaissances et enjeux pour la recherche".

Pour Régis Aubry, il est urgent de développer la recherche en France dans ce domaine, recherche, formation et soins palliatifs participant d’une même démarche. L’équipe de l’Observatoire a réfléchi aux enjeux de "l’aide active à mourir" sans parti-pris et propose trois pistes de réflexion. D’abord, trouver de bons outils méthodologiques pour analyser les décisions médicales en fin de vie à partir des certificats de décès. Des données objectives seront apportées à ce sujet grâce à une enquête sur la fin de vie en France menée actuellement par l’INED et l’Observatoire : ces données porteront sur le traitement de la douleur, la diffusion des soins palliatifs, la nature des décisions médicales et les conditions dans lesquelles elles sont prises (Cf. Synthèse de presse du 03/05/10). La deuxième piste concerne l’analyse des perceptions des personnels de santé et des patients au sujet de l’euthanasie. Une enquête menée entre 2001 et 2006 dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur par l’Inserm a montré que le niveau de proximité des médecins avec les patients en phase terminale détermine leur position concernant la légalisation de l’euthanasie. Ainsi, les médecins davantage confrontés aux patients en fin de vie dans leur cadre professionnel se disaient "significativement moins favorables à une légalisation de l’euthanasie". La dernière piste à considérer est celle de savoir "comment mettre en évidence les facteurs associés aux demandes d’aide active à mourir". Ce n’est pas tant la demande d’euthanasie qui pose problème mais plutôt les réponses qu’on y apporte. Il convient de comprendre la souffrance si l’on veut savoir comment l’accompagner.

Les 30 novembre et 1er décembre 2010, le Conseil de l’Europe organise, dans le cadre de ses travaux sur la bioéthique et les droits des patients, un symposium pluridisciplinaire sur les processus décisionnels dans les situations de la fin de vie. Des situations concrètes comme l’arrêt des traitements, les soins palliatifs ou le soulagement de la douleur seront abordées de façon pratique. Des médecins, éthiciens, juristes et chercheurs de tous horizons seront présents.

Le Quotidien du Médecin (Stéphanie Hasendahl, Denis Durand de Bousingen) 26/11/10

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