Réanimation néonatale : obstination déraisonnable ?

Publié le 28 Fév, 2010

Le lobby de l’euthanasie

 

Le 15 mars dernier, à l’issue d’un procès très médiatisé, la Cour d’assise de Dordogne a condamné un médecin à un an de prison avec sursis et acquitté une infirmière. Poursuivies pour un acte d’euthanasie par injection d’une substance létale à une patiente en phase terminale d’un cancer, le docteur Laurence Tramois et l’infirmière Chantal Chanel, ont bénéficié du soutien de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD). A la veille d’une échéance électorale majeure, les manœuvres du lobbying actuel en faveur d’une dépénalisation de l’euthanasie peuvent être comparées à celles qui ont abouti à la légalisation de l’avortement en 75. Le « manifeste des 2000 soignants » affirmant avoir aidé des patients à mourir avec décence rappelle celui des « 343 salopes » qui en 1971 affirmaient avoir pratiqué des avortements clandestins, ce qui avait ouvert la voie au débat sur l’avortement et à sa dépénalisation, des procès ultra médiatisés dans les deux cas, une prise en otage de la raison par le terrorisme compassionnel, etc.

 

L’euthanasie en campagne

 

Le débat sur l’euthanasie est en campagne. Pour Ségolène Royal, «il faut mettre en place une législation qui permette d’apaiser les souffrances les plus intolérables» et saisir le Parlement d’un « projet de loi Vincent Humbert ». Nicolas Sarkozy a parlé d’une éventuelle légalisation de l’euthanasie car « on ne peut pas rester les bras ballants devant la souffrance d’un de nos compatriotes qui appelle à ce que ça se termine». Mais fin mars, Nicolas Sarkozy se prononce contre une loi sur l’euthanasie et préfère faire confiance au dialogue entre les médecins et les familles.

 

Urgence à soulager la souffrance

 

Les partisans d’une loi sur l’euthanasie invoquent les souffrances intolérables des personnes en fin de vie alors que la loi destinée à soulager ces souffrances existe déjà. « Les textes encadrent parfaitement la fin de vie et si des cas de souffrances intolérables sont rapportés, cela montre que la loi n’est pas appliquée partout ». Marie de Hennezel, psychologue et écrivain suggère que les candidats s’engagent d’abord à faire appliquer ces bonnes pratiques de fin de vie, à rendre obligatoire la formation des médecins aux soins palliatifs, à financer des postes de psychologues pour épauler les médecins et rendre possible le congé d’accompagnement prévu par la loi du 9 juin 1999.

 

Vers une mort à deux vitesses ?

 

Sans ces mesures, Marie de Hennezel explique que nous allons vers une mort à deux vitesses : d’un côté, celle qui a recours aux soins palliatifs où la fin de vie sera apaisée ; de l’autre, celle qui ne propose d’autre issue que de demander la mort pour soulager la souffrance. « Il n’existe que 700 lits pouvant accueillir les patients en soins palliatifs alors qu’au moins 10 000 personnes devraient en bénéficier », ajoute-t-elle.

 

Appliquer la loi Leonetti

 

Selon la loi Leonetti du 22 avril 2005, « les actes de prévention, d’investigation et de soins ne doivent pas être poursuivis par une obstination déraisonnable. Lorsqu’ils apparaissent inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le maintien artificiel de la vie, ils peuvent être suspendus ou ne pas être entrepris ». Lors du vote de cette loi, le gouvernement avait annoncé l’ouverture de 1990 lits supplémentaires de soins palliatifs et la création de 35 nouvelles unités mobiles en 2005. On les attend toujours.

L’urgence aujourd’hui est de se donner les moyens d’appliquer la loi.

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