Réactions au vote bioéthique du Sénat

Publié le 12 Avr, 2011

Plusieurs sénateurs et personnalités ont expliqué leur désaccord avec le projet de loi de bioéthique, tel qu’il a été voté en plénière au Sénat du 5 au 8 avril 2011. Ce vote en première lecture a notamment levé le principe d’interdiction de la recherche sur l’embryon humain, ouvert la possibilité aux couples homosexuels de recourir à l’assistance médicale à la procréation ou encore pérennisé la possibilité de faire naître des “enfants médicament”.

    La sénatrice Marie-Thérèse Hermange s’est dite “bouleversée” de voir comment le Sénat a joué “le rôle de salle d’enregistrement des intérêts de certains scientifiques“. Elle ne cache pas sa surprise devant le ralliement de plusieurs de ses collègues de la majorité aux positions les plus libérales en matière de bioéthique. Elle se dit en outre “très frappée de voir le peu de sénateurs présents lors des débats” alors qu’il y va du respect de la dignité humaine. “J’ai une autre éthique de la vie” a-t-elle déclaré à la suite du vote pour manifester son désaccord.

   Le sénateur Bruno Retailleau est intervenu aussi lors des débats pour mettre en lumière les dangers liés à l’abandon du régime d’interdiction de la recherche sur l’embryon humain. Il a souligné la rupture induite par le passage d’un régime d’interdiction avec des exceptions à celui d’une autorisation encadrée : “ce n’est pas du tout la même chose. C’est tout simplement l’opposé, c’est une inversion radicale du principe de protection“. A la question de savoir à partir de quand on devient un être humain, Bruno Retailleau a rappelé que “le Comité consultatif national d’éthique n’a pas apporté de réponse définitive mais il indique, je cite, que “l’embryon est une personne humaine potentielle””. En effet, “chaque étape de son développement est comme contenu dans l’étape qui la précède. Et quand bien même, mes chers Collègues, aurions-nous un doute à cet égard, ce doute ne serait-il pas suffisant pour nous abstenir de traiter l’embryon comme un produit de laboratoire ?” a-t-il interrogé. Il a également rappelé que l’on peut faire autrement : “En effet, grâce aux recherches sur les cellules adultes reprogrammées ou les cellules issues du cordon ombilical, il y a désormais une alternative”. Et de conclure : “Finalement, la science vient au secours de l’éthique, en offrant au progrès d’autres voies moins intrusives et plus respectueuses“. Le débat bioéthique n’oppose pas le progrès et l’éthique de façon simpliste : “dans l’avenir, ne prenons pas le risque d’abîmer notre propre humanité“.

    La sénatrice Anne-Marie Payet a également dénoncé le choix d’autoriser la recherche sur l’embryon humain qui signe “une rupture radicale avec le choix de la France de respecter la vie et la dignité de l’embryon humain dès le commencement de son développement“. “L’être humain ne peut être voulu que pour lui-même, et non d’abord parce qu’il répond hier à un “projet social”, aujourd’hui à un “projet parental” ou à un “projet” de guérison d’un frère ou une soeur“, a-t-elle rappelé, désignant ainsi son opposition à la technique du “bébé médicament”.

    Elizabeth Montfort, ancien député européen et présidente de l’Alliance pour un Nouveau Féminisme européen, dénonce également les “graves régressions au regard de la dignité de tout être humain” du texte voté par le Sénat qui “traduit un glissement vers une conception utilitariste de ce qui est humain“. Or, “servir les intérêts de certaines entreprises pharmaceutiques ou scientifiques n’est pas le but des lois de bioéthique. […] la France, patrie des droits de l’homme s’honorerait à respecter les principes fondateurs dont le premier d’entre eux, la dignité, sert de matrice à tous les autres principes. Ce respect est la garantie que nul être humain, fut-il embryonnaire, ne pourra faire l’objet de manipulation ou d’utilisation“.

Liberté Politique.com 08/04/11 – Famille Chretienne.fr (propos recueillis par Emmanuel Pellat) 12/04/11 – Liberté Politique.com 13/04/11 – Lci.tf1.fr 08/04/11

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