Lundi dernier, nous vous avons présenté la première partie de l’interview dans Zenit du Père Alain Mattheeuws, sur les questions qui entourent la congélation, l’implantation et l’adoption d’embryons créés par fécondation in vitro. En voici la dernière partie.
Dans l’acte d’adoption d’un embryon congelé, le père Mattheeuws reconnaît que l’enfant est "accueilli" pour lui-même. Il ne s’agit donc pas du même cas que celui d’une mère de "substitution" où l’intention des "mères porteuses" est de le porter pour une autre, pour de l’argent, pour un membre de la famille. Il dénonce cependant le terme de " suppléance" qui "ne doit pas nous tromper sur le caractère "objectif et personnel" de l’acte d’une femme qui accepte ce type de maternité. C’est l’enfant issu d’une autre "relation" qu’elle accepte dans l’intimité de son corps" explique-t-il. Il rappelle que la "perfection de l’accueil d’un enfant est inscrite au coeur de l’acte conjugal" dans la fidélité et la maternité responsable.
Si l’adoption d’un enfant est un acte positif en soi, il explique que la méthode "invasive" qui consiste à placer des embryons congelés dans le corps de la femme ne peut être qualifiée d’acte d’adoption. La maternité, explique-t-il "engage le corps, non seulement dans l’instant de l’acte conjugal, mais dans la grossesse, l’enfantement et l’éducation. La paternité y est associée également de par le lien conjugal. C’est l’unité du couple, le « une seule chair » (Gn 2,24), qui accueille ensemble le don de Dieu qu’est tout enfant. L’engagement des parents l’un vis-à-vis de l’autre consiste à concevoir, porter, mettre au monde. Cet engagement assume l’enfant dans la « durée ». On ne peut parler d’adoption, c’est-à-dire de suppléance parentale, qu’après l’enfantement".
Interrogé sur le fait qu’une femme pourrait, par liberté consciente et désireuse de sauver des enfants congelés, s’engager dans un acte d’adoption d’embryons, le professeur Mattheeuws explique que, malgré la générosité de cette intention, la femme n’a pas un droit absolu sur son corps. Le corps d’une femme ne peut être une "solution médicale" à une question délicate, explique-t-il. Cette solution "instrumentalise" la femme, qu’elle le veuille ou pas. Il rappelle que "l’acte conjugal est le symbole corporel et prégnant de ce qui soutient tout enfant embryonnaire dans l’être" et que "corporellement, la femme qui accueille en elle un enfant embryonnaire congelé pose un acte qui n’est pas le sien : l’acte d’une autre, d’un couple. Cet acte n’est pas délégable."
Sans condamner les personnes qui pourraient adopter ces embryons congelés, il ne souhaite pas promouvoir un tel acte qui, selon lui, "n’est pas juste". Peut-être, n’est-il pas dans le pouvoir de l’homme de sauver la vie de ces embryons congelés, "l’aveu d’une impuissance humaine n’est pas toujours une "faiblesse" ou un "péché" ou "un manque de générosité"". Rendre ces embryons à leur destinée éternelle est une façon de montrer le caractère sacré de la vie, explique-t-il.
A ceux qui préconisent de laisser ces embryons dans le froid comme "témoins" d’options criminelles et absurdes de nos sociétés, il répond que cette position, bien qu’ayant une certaine noblesse, ne respecte pas les embryons congelés jusqu’au bout et ne leur offre pas la paix qui leur est due.
Il préconise de retirer ces embryons du froid et de les rendre aux conditions temporelles qui sont les leurs. Il suggère de ne pas utiliser de "moyens disproportionnés" pour les sauver ou des moyens qui ne respectent ni leur dignité ni la dignité des personnes désireuses de les aider. Pour lui, "il ne s’agit pas d’une euthanasie, mais du refus de prendre un moyen disproportionné et inadapté pour tenter de les faire survivre". En tant que croyant, il pense que la mort de ces embryons est le seul moyen de les faire passer à la vraie vie.
Zenit 28&29/03/06