Après avoir été stable « depuis plusieurs années », le nombre d’avortements a baissé de 9% en 2020 au Québec. 21 778 avortements ont été pratiqués en 2020, contre 23 837 en 2019. Les chiffres de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) indiquent par ailleurs que la diminution a été de 13% chez les femmes âgées de moins de 19 ans. Les avortements médicamenteux ont à l’inverse augmenté, passant de 1888 en 2019 à 2607 en 2020.
Les chiffres de la RAMQ incluent interruptions volontaires de grossesse et avortements thérapeutiques, dont les curetages effectués à la suite d’une fausse couche. En effet, les codes de facturation actuels des médecins ne permettent pas de distinguer entre ces actes selon l’assurance maladie. Cependant, d’après le Dr Edith Guilbert, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec, « les curetages influent peu sur les données de la RAMQ » car il « s’en fait très peu ».
Moins d’avortements mais aussi moins de naissances
En parallèle le nombre de naissances a diminué. 19 300 naissances ont été recensées entre octobre et décembre 2020, alors que 20 692 enfants étaient nés en 2019 sur la même période. Selon Benoît Laplante, professeur au Centre Urbanisation Culture Société à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), « les données préliminaires des premiers mois de 2021 devraient confirmer la tendance à la baisse des naissances ». « L’explication la plus vraisemblable selon le chercheur, c’est la réaction de crainte des gens vis-à-vis des conditions économiques immédiates. »
Une crainte qui a aussi conduit des femmes à avorter. « Il y a des patientes qui l’ont verbalisé clairement », précise le Dr Claude Paquin, directeur médical de la clinique Fémina. « Oui, on est super tristes. On aurait aimé avoir un troisième bébé. Si le contexte avait été différent, je ne suis pas sûre que je serais ici. » Des propos entendus « relativement fréquemment », témoigne le Dr Paquin.
Source : Le Devoir, Marie-Eve Cousineau (06/04/2021) – Photo : Pexels de Pixabay