Que faire des embryons ”surnuméraires” ?

Publié le 14 Fév, 2007

La Loi de 2004 oblige les centres d’assistance médicale à la procréation (AMP) à détruire, au bout de 5 ans, les embryons dont les parents ne se sont plus manifestés. Ce qui pose problème aux équipes médicales.

Afin de réduire le nombre d’embryons congelés (au nombre de 134 358 fin 2004, selon l’Agence de la biomédecine), la loi dit que les centres doivent envoyer chaque année à leurs patients un formulaire leur demandant s’ils ont toujours un "projet parental". Si c’est le cas, les embryons sont conservés. Sinon, et cela concernait 25% des embryons à la fin de 2004, les couples doivent choisir entre 3 possibilités : le don de leurs embryons à la recherche, l’accueil de leurs embryons par un autre couple ou leur destruction. On demande aux couples de confirmer ce choix 3 mois plus tard.

Pourtant, les médecins hésitent à détruire les embryons "surnuméraires". Certaines équipes proposent, aux couples qui ne souhaitent pas garder leurs embryons congelés, un entretien avec un médecin et / ou un psychologue. "C’est long et lourd (…). Mais cela me gênerait de me limiter à la signature des formulaires", témoigne Isabelle Denis, biologiste, responsable de la fécondation in vitro au CHU de Caen (Calvados). Des couples refusent le rendez-vous proposé parce que cela fait resurgir un "vécu douloureux". D’autres insistent pour assister à la destruction. "Nous le faisons pour des destructions de spermatozoïdes, mais pas pour les embryons", explique Frédérique Carré-Pigeon, médecin biologiste au CHU de Reims. "Même pour les médecins, détruire n’est jamais un geste simple."

17% des 134 358 embryons congelés appartiennent à des couples dont on est sans nouvelles. Le Pr Samir Hamamah (CHU de Montpellier) est d’avis qu”il faut davantage "responsabiliser" les couples. Le Dr Saias, médecin à l’hôpital de la Conception à Marseille, pense aussi que "les couples sont responsables de ces enfants potentiels. La loi a raison de les obliger à trancher".  Dans ces cas-là, les médecins espèrent que les couples les recontactent. "Car, dit le Dr Frédérique Carre-Pigeon, la destruction, c’est tout de même un geste définitif".

La Croix (Anne-Bénédicte Hoffner) 14/02/07

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