Mercredi, le tribunal correctionnel de Melun a condamné Pierre Palmade à 5 ans de prison dont 3 avec sursis, suivant les réquisitions du procureur. Il était jugé pour « blessures volontaires aggravées » après avoir causé la mort d’un fœtus âgé de six mois et blessé trois autres personnes dans un accident de voiture le 10 février 2023 (cf. Affaire Palmade : le procureur ne retient pas l’« homicide involontaire » du fœtus). La sentence est assortie d’un mandat de dépôt à effet différé. Pierre Palmade n’a donc pas dormi en prison.
Le refus d’être jugé pour « homicide volontaire »
L’humoriste a témoigné de son addiction et s’est dit « terrassé » de faire face à ses victimes « en vrai ». « Je voudrais vous demander pardon au plus profond de moi, sincèrement », « j’aurai toujours ce bébé sur la conscience », a-t-il déclaré. Toutefois, Pierre Palmade a refusé d’être jugé pour « homicide volontaire », ce que lui avait demandé Me Mourad Battikh, l’avocat des victimes. Et Mila, qui a perdu son bébé dans l’accident, a refusé d’accorder son pardon d’un mouvement de la tête.
Accompagnatrice pour élèves handicapés, la jeune femme s’était effondrée devant le juge d’instruction : « Il a tué ma fille, elle était entière, j’ai compté ses doigts, elle m’a montré ses yeux. Elle est partie seule. ».
Mila a donné naissance à une petite fille à la fin de l’été dernier. Mais « au début de la grossesse, elle était comme bloquée, n’avait “plus de connexion avec son corps” et n’arrivait pas à s’attacher à l’être qui grandissait en elle ». « J’avais peur de la perdre de nouveau », explique la jeune maman. Désormais, Mila a du mal à porter sa fille en raison de sa « ressemblance troublante avec sa grande sœur ». « C’est mon conjoint qui la prend le plus souvent dans ses bras », confesse-t-elle.
« Le droit protège mieux les animaux que l’enfant à naître »
Après une qualification initiale d’« homicide involontaire », ce chef d’accusation a été écarté à l’issue de l’instruction. « La position du droit français est absurde », s’indigne Me Mourad Battikh. La petite Solin n’ayant pas respiré à la naissance après la césarienne d’urgence, elle est privée d’existence légale. Il aurait fallu qu’elle naisse « viable et vivante » (cf. Homicide involontaire du fœtus : quand le droit crée l’injustice).
Ce procès aurait pu être « l’occasion de s’engager vers un revirement de jurisprudence » regrette l’avocat. « Le droit protège mieux les animaux que l’enfant à naître », dénonce-t-il. « Quand on perd ses parents, on appelle ça un orphelin. Quand on perd un époux, on devient veuf. Mais quand on perd son gamin, il n’y a pas de mot. Et quand on perd un fœtus, il n’y a pas de loi », s’insurge Me Battikh.
Pour le procureur, « le débat sur le statut du fœtus devait se faire au Parlement, non devant un tribunal » (cf. Si l’atteinte par accident à la vie d’un enfant non encore né n’est pas un homicide involontaire, qu’est-ce donc ?).
Sources : Le Figaro, Esther Paolini (20/11/2024) ; L’Indépendant (21/11/2024)