Jean-Michel Besnier, professeur de philosophie à la Sorbonne et spécialiste de l’ « homme augmenté » au CNRS s’inquiète des conséquences « déshumanisantes » de l’accélération des progrès scientifiques et techniques. Il appelle de ses vœux une prise de conscience des citoyens pour « tenter de poser des limites » et « d’imposer un certain nombre de modalités et de régulations aux politiques, aux économies, aux financiers et aux industries ».
Les avancées technologiques s’appliquent désormais à tous les secteurs. Avec la découverte de la structure de l’ADN qui renferme le patrimoine génétique, l’homme « devient de plus en plus un ‘support d’information’ », une « marchandise » et il « perd peu à peu une partie de sa liberté sans même s’en soucier », regrette le philosophe.
Robots, voitures autonomes, objets connectés, « nous sommes de plus en plus entourés de machines supposées nous faciliter la vie ». Mais par conséquent, « l’homme n’est plus aux commandes de grand-chose et de ce fait il n’est plus responsable. Il devient moins libre, donc moins moral et se comporte de plus en plus comme une machine. Cela ouvre la voie à la déshumanisation », regrette Jean-Michel Besnier.
Contrairement aux transhumanistes qui « regarde avec beaucoup d’espoir les technologies, considérées comme plus fiables et plus contrôlables », il « considère que nous sommes des êtres mortels et que nous avons la possibilité d’intervenir sur notre destin ».
« Humains », nous devons « décider de ce qu’il est souhaitable de faire ou de ne pas faire, de ce qu’on autorise et de ce qu’on interdit ».
AFP (27/04/2016)