Une étude récente de P. Revidi et B. Beauquier-Maccotta, pédopsychiatres, l’un au CECOS de Cochin, l’autre à l’hôpital Necker, fait le point sur la situation actuelle des aides médicales à la procréation (AMP) et des problématiques psychiques qu’elles engendrent (1). Elle propose des axes de réflexion pour comprendre la construction du lien dans les nouveaux modes de filiation totalement ou partiellement non génétiques et abordent la souffrance psychique de la stérilité ainsi que le stress et l’angoisse importantes générés par le recours à l’AMP (liés aux techniques, à l’attente, à la crainte de mal s’adapter à l’enfant et aux perturbations sexuelles majeures induites par les contraintes techniques).
Etudes insuffisantes
Les études internationales sur le développement psychologique des enfants jusqu’à 12 ans sont relativement rassurantes mais encore insuffisantes et méthodologiquement discutables car elles portent sur peu d’enfants et ceux-ci ne sont pas évalués directement. Des lacunes persistent dans les connaissances du développement psychologique des enfants à l’adolescence et à l’âge adulte. Une des problématiques fondamentales à évaluer sera l’accession à la parentalité de ces enfants et les conflits ou questionnements que cette étape de leur développement pourrait raviver. Il conviendra d’évaluer aussi les conséquences du don d’ovocytes et d’embryons.
Secret des origines
La révélation du « secret des origines » fait l’objet d’un débat. Certains reprochent aux CECOS d’interdire aux enfants qui le souhaiteraient d’accéder à l’identité du donneur de gamète dont ils sont biologiquement issus. Ce secret des origines générerait des souffrances psychologiques. Or, les demandes de jeunes vis-à-vis des CECOS pour connaître l’identité du donneur sont très rares (moins d’une dizaine à Paris). Le taux de révélation par les parents ne dépasse pas 20% des enfants nés par insémination artificielle avec donneur (IAD), pour protéger l’enfant et la position du père. Enfin, le lien entre une difficulté psychologique et la non-connaissance de l’identité du donneur est difficile à établir. Il se peut que la relation entre les parents et l’enfant soit à l’origine du problème. D’autres raisons peuvent également être recherchées. Cette question mérite donc beaucoup de prudence.
1 – Revidi P., Beauquier-Maccotta B., Problématiques psychiques dans les aides médicales à la procréation, EMC (Elsevier Masson SAS, Paris), Psychiatrie/Pédopsychiatrie, 37-204-G-40, 2008