Prise en charge de la congélation des ovocytes : un business florissant

Publié le 17 Juin, 2020

En mars, la start-up Kindbody a organisé une réunion Zoom « Virtual fertility 101 » pour présenter à 140 femmes leurs services (cf. Les « femtech » : ces nouvelles startups de la PMA au business prometteur). Cette start-up qui propose entre autres la congélation des ovocytes, se positionne entre l’employeur et la salariée et incite les entreprises, en les aidant, à prendre en charge ce service à la demande des femmes. Elle offre également un support médical : cliniques, médecins.

 

Cette pratique a commencé en 2014. Facebook et Apple ont été parmi les premières entreprises à « offrir cet avantage ». Elles sont aujourd’hui de plus en plus nombreuses à promouvoir la « Congélation sociale des ovocytes » aidées par des start-ups axées sur la fertilité ou des sociétés de prestation qui fonctionnent comme une compagnie d’assurance.

 

Cependant, s’ils ne sont pas aidés financièrement, les couples ne pourront faire face au « coût prohibitif » de la procédure. Aussi, Kindbody offre un cycle de congélation des ovocytes aux employeurs d’un montant de 5300 $. Il comprend les rendez-vous médicaux, les bilans sanguins, le prélèvement pour un cycle ainsi qu’une année de stockage. Chaque année supplémentaire est facturée 500 $. La start-up est « actuellement partenaire de 19 entreprises américaines ».

 

Pour certaines femmes, c’est « un autre moyen d’avoir une carrière et une famille ». Mais le point de vue n’est pas partagé par tous et ne « résout qu’une partie du problème ».

Pour Vardit Ravitsky, professeur de l’Université de Montréal où elle entreprend des recherches sur l’éthique de la reproduction : « C’est une excellente machine à gagner de l’argent ». « Les taux de réussite de la congélation des ovocytes sont encore relativement inconnus et la procédure ne garantit pas une grossesse ». L’accent mis sur les messages féministes masque le capitalisme. C’est du « gagnant-gagnant » pour l’industrie de la fertilité et les entreprises qui font de l’argent sur le dos des femmes. Le problème, c’est que « le message sociétal selon lequel avoir un bébé dans la vingtaine est trop jeune » est renforcé alors que les chances d’avoir un enfant (avec ou sans congélation) sont plus faibles pour une femme plus âgée.

 

De même, Joya Misra, professeur de sociologie à l’Université du Massachusetts à Amherst et vice-présidente de l’American Sociological Association, estime qu’il faut mettre en place des propositions pour aider les femmes jeunes à avoir des enfants et « normaliser » la parentalité.

 

Enfin, pour le Pr Ravitsky, il faut bien mesurer les risques et envisager les autres options avant d’envisager la congélation de ses ovocytes. « Ils devraient vous conseiller, vous soutenir et vous donner le temps de digérer et de revenir poser des questions. C’est le consentement éclairé approprié », a-t-elle déclaré.

VICE (26/05/20)

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