A l’invitation du Vatican, la Chine a participé pour la première fois le 7 février à un colloque international sur le don d’organes[1]. Sa participation a suscité de vives réactions des experts en éthique médicale, car si la Chine « veut convaincre de sa bonne foi sur sa nouvelle politique des dons d’organes », ses pratiques demeurent « opaques ».
Jusqu’en 2015, « 90% des organes transplantés [en Chine] venaient de prisonniers exécutés » (cf. La Chine mettra fin au prélèvement d’organes sur ses prisonniers exécutés en 2015 et Un rapport canadien dénonce près de 90 000 greffes clandestines en Chine). Ce trafic d’organes était dénoncé depuis les années 1990 « par des associations de droits de l’homme » et des instances médicales internationales. En janvier 2015, l’adoption d’une nouvelle législation a condamné ces pratiques, mais « de nombreux doutes persistent ». Pour Huang Jiefu, ancien vice-ministre chinois de la santé et chef du Comité chinois du don d’organes « même si l’application de cette nouvelle loi a été lente et très difficile, la Chine tient ses promesses ».
L’invitation du Vatican est fondée sur le fait que la Chine « montre désormais une approche en phase avec celle de l’Organisation Mondiale de la Santé ». Mais pour certains, il s’agit d’une « reconnaissance », utilisée par la Chine « pour redorer la réputation de sons système de transplantations d’organes dénué d’éthique ». « Sans transparence, aucune vérification claire ne peut être faite sur leur nouvelle politique », estime le docteur Torsten Trey, directeur de l’Association des Docteurs contre le don forcé d’organe (DAFOH). Mais pour le docteur Vivek Jha, directeur d’un institut indien, « il est important de maintenir un dialogue avec l’espoir de les voir changer de système. Il faut savoir préserver un sain scepticisme ».
[1] Conférence sur les dons d’organes organisée par l’Académie pontificale des sciences.
La Croix, Dorian Malovic (6/02/2017); AFP (7/02/2017)