En 1990, la Human Fertilisation and Embryology Authority, autorité britannique de régulation de la bioéthique, autorisait la recherche sur l’embryon à des fins thérapeutiques. En février 2002, la Chambre des Lords autorisait la pratique du clonage dit thérapeutique.
Pour la première fois, le mercredi 11 août 2004, la HFEA a autorisé, pour un an, l’International Centre for Life de l’Université de Newcastle, dirigée par le Dr Miodrag Stojkovic, à créer des embryons humains par clonage. L’équipe de Dr Stojkovic est connue car elle a été la première en Grande Bretagne à obtenir des cellules à partir d’embryons humains.
Après l’équipe coréenne qui avait profité d’un vide juridique dans son pays pour créer des embryons humains par clonage (cf. revue de presse du 13/02/04), l’équipe britannique est la première à mener de telles expériences dans un cadre réglementaire précis.
Il s’agit de prélever une cellule somatique (issue de la peau, du foie, etc) d’une personne. Le noyau de cette cellule est injecté dans un ovule au préalablement vidé de son noyau. La fusion des deux cellules (noyau du donneur et ovule) est soumis à un champ électrique qui déclenche le développement de l’embryon. Au bout de quelques jours (14 jours maximum), la masse cellulaire interne de l’embryon est prélevée provoquant sa mort. Les cellules prélevées sont mises en culture afin d’obtenir une lignée de cellules souches embryonnaires qui peut se différencier en cellules de nombreux tissus.
Les chercheurs de Newcastle travaillent sur le diabète et espèrent obtenir la différenciation des cellules souches embryonnaires en cellules productrices d’insuline qui pourraient être ensuite injectées au malade. Mais le Dr Stojkovic prévient qu’il faudra au moins un an pour obtenir seulement des lignées de cellules : « les problèmes sont immenses, tant en approvisionnement en ovocytes qu’en caractérisation des lignées ». Pour obtenir une seule lignée de cellules souches embryonnaires par clonage, l’équipe coréenne a utilisé 240 ovules qui ont abouti à la création de 30 embryons cultivés jusqu’au stade de blastocyte. Et la Royal Society vient d’émettre un doute sur « l’origine clonale de cette seule lignée embryonnaire ». Quant à l‘équipe britannique elle estime devoir utiliser environ 900 ovules par an.
De plus en plus de chercheurs reconnaissent qu’il vaut mieux parler de clonage scientifique plutôt que thérapeutique tant « le pouvoir régénérant » de ces cellules est lointain et hypothétique et tant la technique du clonage n’est pas maîtrisée. Le Pr Axel Kahn explique que c’est « essentiellement la recherche fondamentale qui bénéficiera de ces avancées.»
Le Figaro (Jean-Michel Bader) 12/08/04 – Libération 12/08/04 – Le Monde (Jean-Yves Nau) 13/08/04 – La Croix (Dominique Quinio, Chloé Leprince) 12/08/04 – La Libre Belgique 12/08/04 – Courrier International 12/08/04 – Le Quotidien du Médecin 28/08/04