Pr Didier Sicard : le rôle des médecins dans le débat sur la fin de vie

Publié le 22 Juil, 2012

Dans une interview accordée au Quotidien du médecin, Le Professeur Didier Sicard, chargé par le Président de la République de la mission sur la fin de vie, explique "le rôle que pourraient tenir les médecins" dans ce débat.    

Lors de son interview par le journal Le Monde (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 19/07/12), le Pr Didier Sicard a précisé qu’en tant que médecin, il "plaide pour que le débat soit plus sociétal que médical" et souhaite se tourner vers les citoyens.    
Ainsi, lorsque la journaliste du Quotidien du Médecin s’adresse au Professeur Sicard précisant : "vous dites que la question de la fin de vie n’appartient pas aux médecins. Pourtant ce sont eux qui recueillent les demandes d’euthanasie, affrontent la douleur des patients et de leurs proches", celui-ci explique que dans son expérience du débat public, il a "été frappé de constater que la société avait le sentiment, à tort ou à raison, que le débat était confisqué par les médecins, que la médecine dépouillait les citoyens de leur liberté face à leur vie et à leur mort".    
Il ajoute qu’il ne veut pas "que cette mission soit une énième audition des experts" car "cela aboutirait à un état de lieux qui n’avancerait en rien la situation". Pour le Professeur Sicard, "ce qui manque, c’est l’expression des inquiétudes et avis des citoyens sur la fin de vie. La mission tentera de leur redonner la parole, car ils ont l’impression de n’être plus maître de leur destin".
Pour le Professeur Didier Sicard, "les médecins, comme les représentants des associations ou églises, répondront aux questions des citoyens dans le cadre d’un échange, plutôt que de s’exprimer dans la revendication". La mission, chargée de ce débat, sera composée de deux médecins, le Pr Régis Aubry et Jean-Claude Ameisen, ainsi que deux cadres infirmiers, une psychologue et un philosophe. Plus précisément, la mission apportera des réponses aux médecins, mais "elle montrera aussi que le jugement des médecins n’est qu’un jugement parmi d’autres, même s’il est essentiel". Ajoutant qu’ "il est toujours tentant pour la médecine de s’approprier tous les pouvoirs", le Pr Sicard précise que devraient donc être organisés "5 ou 6 débats […] dans des universités de sciences humaines, non dans des facultés de médecine ou de droit".
Puis, interviewé sur la question de savoir pourquoi ne serait-il pas procédé à un référendum, proposé par l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), ou à des Etats Généraux comme le souhaite le Comité consultatif national d’éthique (CCNE), le Pr Sicard explique que "le référendum est la revendication de l’ADMD" et qu’il "n’a pas à se prononcer". Pour ce qui est des Etats Généraux, il considère que le CCNE "peut avoir sa propre réflexion, ce ne sera pas redondant avec notre travail".
Enfin, interrogé sur la loi Leonetti, le Pr Sicard explique que "c’est une loi remarquable", qui a été "extraordinairement reçue en Europe, alors que les positions belges, hollandaises, luxembourgeoises sont restées enfermées dans leur pays". Précisant son point de vue sur le fond de la loi, il explique que "comme toute loi, elle ne couvre pas l’ensemble des cas". Le "problème majeur" de cette loi est "qu’elle est très mal connue du public et des médecins, qui la regardent d’un œil parfois sommaire et la résument à quelques mots d’ordre, en faisant preuve d’un étrange mélange d’ignorance et d’agressivité".
 

Le Quotidien du Médecin.fr (Coline Garré) 20/07/12

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