Pour la légalisation de la GPA…

Publié le 21 Oct, 2010

Sur Slate.fr, Olivier Ferrand, président et fondateur du think tank progressiste Terra Nova, expose les raisons pour lesquelles la France devrait selon lui légaliser la gestation pour autrui (GPA).

Le débat sur les mères porteuses est intense et divise même les partisans de leur légalisation. Un rapport interne du Parti socialiste favorable à la GPA, rédigé par Najat Belkacem et Bertrand Monthubert, a provoqué une polémique au sein du parti qui n’a pas encore tranché. Le rapport de Terra Nova intitulé "Accès à la parenté : assistance médicale à la procréation et adoption" rédigé par la psychanalyste Geneviève Delaisi de Parseval et la juriste Valérie Sebag-Depadt a aussi suscité la controverse (Cf. Synthèse de presse du 12/02/10).

Olivier Ferrand évoque les arguments contre la GPA. Cette pratique est liée à la commercialisation du corps humain qui viole le principe fondamental d’indisponibilité du corps humain ; elle est "un nouvel asservissement des pauvres qui louent leur ventre pour l’enfantement des enfants riches" ; elle est "une aliénation du corps de la femme, dont l’utérus est instrumentalisé et ravalé au rang de couveuse". La GPA peut aussi devenir une "technique de confort pour career woman qui n’ont plus de temps à consacrer à la grossesse, ou pour stars qui veulent garder le ventre plat". Enfin, la GPA présente des risques psychologiques pour la gestatrice avec "la négation […] du lien fondamental créé entre la femme et l’enfant à naître qu’elle porte" et pour l’enfant "tant la situation peut devenir inextricable" dans certains cas. Dans l’exemple d’une GPA avec don d’embryon par tiers donneur, l’enfant aurait 5 parents : les parents biologiques, la mère porteuse et les parents d’intention. Si ces arguments sont très sérieux pour Olivier Ferrand, d’autant plus au vu des dérives mercantiles existant dans les pays qui ont libéralisé la GPA, ils ne justifient pas, pour lui, une interdiction mais seulement un "encadrement très strict de la GPA".

Selon lui, l’interdiction française engendre des difficultés : un tourisme procréatif, des situations juridiques problématiques pour les enfants nés par GPA à l’étranger. La GPA doit pouvoir répondre à un droit nouveau, revendiqué par Terra Nova : le droit à fonder une famille. Pour Olivier Ferrand, ce droit répond à une "demande sociale qui, d’un point de vue anthropologique, est légitime", et il s’inscrit "dans l’intérêt de l’enfant". Il s’agit de "faire droit à un projet parental, une décision profonde et mûrie de longue date […] un projet bien souvent plus abouti que dans des couples classiques dans lequel l’heureux évènement n’est pas toujours un évènement attendu. N’est-il pas dès lors dans l’intérêt de l’enfant de naître […] dans une famille dont il est le projet ?" Olivier Ferrand ajoute que la GPA est la seule "technique médicale" pouvant pallier certaines stérilités féminines et "répondre au projet parental des couples homosexuels masculins, de la "stérilité sociale" dont ils souffrent".

Il demande donc la légalisation de la GPA, encadrée par deux règles : d’une part, "la commercialisation de la grossesse doit être bannie", les candidates mères porteuses devant prêter leur ventre par altruisme ; d’autre part, "il faut mettre en place un protocole médical sécurisant le bien-être psychologique de la mère porteuse".

Slate.fr (Olivier Ferrand) 20/10/10

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