Jean-Yves Nau s’inquiète des conséquences de la levée partielle de l’anonymat des donneurs, qui est envisagée dans le projet de loi bioéthique. Il est en effet prévu que les personnes issues de PMA avec don de gamètes puissent avoir accès à leur origine : elles pourront à leur majorité accéder « à des données non identifiantes (âge, caractéristiques physiques, antécédents médicaux…) du donneur – et peut-être même à son identité si le donneur n’y est pas opposé. »
Outre la possible discrimination entre les personnes qui auront un « accès total » à leur origine et celles qui ne l’auront pas, Jean-Yves Nau pointe une conséquence souvent oubliée : il est « prévu de détruire tous les stocks actuels de gamètes donnés sous un total anonymat ». Michaël Grynberg, obstétricien, explique que la mise en œuvre de la loi sur la PMA va être difficile : « L’idée de faire table rase du passé et d’établir une nouvelle liste qui mettrait tout le monde à égalité en détruisant les paillettes congelées me paraît délirante alors que les banques de gamètes sont quasi vides. Il n’y a pas de solution optimale quand on change le système d’accès au don, mais la destruction des stocks n’est sûrement pas la bonne ».
Elle impliquerait en effet une reconstruction du « stock » de gamètes à partir de donneurs non anonymes, alors même que la demande sera plus forte avec la PMA pour toutes. « On pourrait autoriser le dédommagement des donneurs, mais c’est un tabou dans notre pays », observe le Pr Grynberg. Jean-Yves Nau conclut : « Où l’on pressent, comme prévu, les premier nuages annonciateurs de la commercialisation des éléments du corps humain – nuages que la France avait toujours, jusqu’ici, tenus éloignés hors de ses frontières. »
Jean-Yves Nau (28/07/2019) – Destruction annoncée des stocks français de sperme et d’ovocytes : polémique en gestation