PMA pour toutes : l’impact du projet de loi sous-évalué

Publié le 17 Jan, 2020

Alors que la loi de bioéthique s’apprête à être débattue au Sénat, une enquête menée par le quotidien La Croix, montre que l’impact de l’ouverture de la PMA aux homosexuelles et aux femmes célibataires pourrait avoir été largement sous-évalué par le gouvernement.

 

Aujourd’hui, à partir des chiffres recueillis auprès des centres d’assistance médicale à la procréation en Belgique et en Espagne, les deux principales destinations des Françaises en quête d’enfants, une « estimation minimale » fixe à 2400 personnes le nombre de femmes ayant recours à ces services, soit probablement deux fois plus qu’il y a dix ans. La proportion de couples de femmes et de femmes seules est à déterminer, mais dans le seul hôpital de Liège, sur les 550 femmes accueillies, les trois quarts étaient des homosexuelles en couple.

 

Le profil de ces Françaises reste à déterminer, « aucune étude sociologique n’existe sur la question ». Mais « selon le groupe IVI en Espagne, les célibataires ont plus de 35 ans, un ‘travail stable’ et ‘bénéficient du soutien de leur famille’ ». Pour Isabelle Laurans, qui préside Mam’en Solo : « Elles n’ont pas loin de 40 ans et ont mûrement réfléchi leur projet. Pour elles, la PMA est clairement un plan B, car elles n’ont pas trouvé de compagnon ». Nicolas Faget, le porte-parole de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL) décrit les couples de femmes comme ayant « en moyenne une trentaine d’années, ont construit leur projet à deux… Et ont généralement 5 000 ou 6 000 € de côté… ».

 

Quelles conséquences pour la mise en œuvre de la loi ? « Tous les professionnels de la procréation anticipent une hausse des demandes ». Pour Nelly Frydman, pharmacienne-biologiste et responsable du laboratoire de FIV à l’hôpital Antoine-Béclère à Clamart, « on peut raisonnablement penser que les femmes qui vont à l’étranger représentent 30 % de celles qui en ont les moyens ou osent le faire. Est-ce que le nombre de femmes qui vont demander à accéder à la PMA va être multiplié par deux ? Par trois ? ». A propos de l’étude d’impact menée par le gouvernement qui estime la croissance des nouvelles demandes entre 2000 et 3000, la pharmacienne considère que « ce chiffre est évidemment totalement en dessous de la réalité ». Elle n’est pas la seule à le penser. S’appuyant sur une étude menée au moment de l’extension de la PMA au Royaume Uni, « Nathalie Rives, présidente de la Fédération française des Cecos, anticipe une multiplication de la demande actuelle par 2,5 ou 3 », soit 3000 à 7000 femmes de plus en demande de PMA. De 10 à 15 millions de coût supplémentaire, on passe à une fourchette plus vraisemblablement « comprise entre 20 et 50 millions d’euros ». Ce qui laisse présager une reproduction du « schéma belge » : « dans ce pays, près de 88 % des PMA avec tiers donneur bénéficient à des couples de femmes ou à des femmes célibataires ». Un casse-tête pour l’approvisionnement en gamètes : « La question de l’achat de gamètes risque fort de se poser. Contrairement au principe de gratuité qui, jusqu’ici, a toujours prévalu ». Un risque réel « qui justifie amplement que l’on reste en alerte face à l’évolution de la loi »

La Croix, Loup Besmond de Senneville (17/10/2020) – PMA à l’étranger, des chiffres inédits – et Guillaume Goubert (17/01/2020) – Rester en alerte (Edito)

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