Jacques Testart, expert Gènéthique, réagit suite au manifeste des 130 médecins et biologistes paru hier dans Le Monde (cf. PMA : 130 médecins et biologistes “hors la loi” réclament un plan infertilité).
Les revendications exprimées masquent la grande misère de la recherche, misère qui n’est pas la conséquence d’interdits puisque nombre de travaux n’exigent pas d’autorisation spécifique et que les recherches litigieuses (sur l’embryon) sont presque toujours autorisées par l’ABM[1]. La France est devenue quasiment absente des congrès scientifiques internationaux sur l’AMP après y avoir figuré parmi les leaders. Aujourd’hui, il s’agit surtout de suivre ce que font les autres. Les raisons sont à chercher dans la lourdeur bureaucratique (énergie des gynécologues et surtout des biologistes absorbée par les tâches gestionnaires), dans la très faible éducation à la recherche des nouveaux praticiens, ou dans la focalisation des équipes sur des résultats compétitifs. Exiger l’élargissement des activités à des situations non médicales ne permettra pas de mieux comprendre la physiologie de la procréation humaine et de ses troubles.
Les revendications exprimées largement dans ce manifeste reposent sur l’argument du « ça se fait ailleurs », qui est une dénégation des règles édictées ici, sans envisager que la précaution minoritaire puisse avoir un sens, pédagogique ou anthropologique.
Le suivisme des demandes exprimées par les patients potentiels – demandes évidemment suggérées par des propositions médicales ici ou à l’étranger- montre la ruine de toute réflexion éthique. Chacune des quatre exigences formulées reflète ce manque à penser autrement qu’en se conformant à une course en avant.
[1] Agence de Biomédecine.