Astorg, le fonds européen de private equity basé à Paris, vient de créer l’entreprise Nexpring Health. Cette dernière est issue de la fusion de trois sociétés proposant tout le matériel spécialisé destiné aux cliniques de procréation médicalement assistée (PMA) : Hamilton Thorne, la branche « santé reproductive » de Cook Medical, et Fujifilm Irvine Scientific. La nouvelle entreprise fournit environ 3 000 cliniques spécialisées situées dans 118 pays, soit « la quasi-totalité du marché » selon le fonds (cf. Le marché reprend ses droits, même dans le domaine de la PMA). Son chiffre d’affaires est de 250 millions d’euros.
Les cliniques de PMA intéressent elles aussi les investisseurs. En 2024, le fonds KKR a ainsi dépensé 3 milliards d’euros pour acheter une chaine espagnole d’établissements spécialisés. En outre, un tiers des fécondations in vitro (FIV) sont réalisées aux Etats-Unis dans des cliniques appartenant à des sociétés de capital-investissement.
Plus de 3 millions de bébés conçus par PMA en 2022
Le marché de la PMA connait une importante hausse. La fertilité est en baisse dans le monde, un couple sur six aurait des difficultés à avoir un enfant (cf. Infertilité : le Gouvernement propose des mesures qui ne font pas consensus). Le nombre de procréations médicalement assistées ne cesse, lui, de progresser (cf. Royaume-Uni : les nombre de femmes célibataires recourant à la PMA explose). En 2022, plus de 3 millions de bébés ont été conçus ainsi (cf. Une PMA « directement », sans essayer d’avoir un enfant « naturellement »). Au Danemark, par exemple, neuf bébés sur cent sont issus d’une FIV.
Les Etats, comme les employeurs, prennent en outre de plus en plus charge les coûts élevés liés à la procréation médicalement assistée (cf. Goldman Sachs finance la PMA et la GPA de ses employés). En France, elle est ainsi totalement remboursée pour les couples hétérosexuels, les couples de femmes et les femmes seules (cf. Remboursement de la PMA pour toutes :”Un scandale moral, médical et financier”). Aux Etats-Unis, 14 Etats imposent aux compagnies d’assurances de couvrir une partie des frais associés à une PMA, et 47 % des grandes entreprises les couvrent selon Mercer.
Un secteur en expansion
Le secteur de la PMA est ainsi actuellement en pleine croissance. « Il croît de près de 7 % à 8 % par an » indique Tobias Nordblom, directeur associé chez Astorg. En 2023, le marché était évalué à 34,7 milliards de dollars. Il pourrait atteindre plus de 60 milliards de dollars dans dix ans. Les consommables et le matériel médical représentent à eux seuls 1 % à 5 % du coût total d’une fécondation in vitro, soit un marché de 1,5 milliards d’euros actuellement.
La financiarisation du secteur pose toutefois question. « De nombreuses patientes se voient proposer des soins en option, notamment l’imagerie time-lapse pour la sélection des embryons, le test génétique préimplantatoire (…) et le grattage de l’endomètre. Ces procédures font l’objet d’une promotion importante. Pourtant, des preuves solides de leur efficacité font souvent défaut » relève la revue The Lancet (cf. PMA : la procréation vise la productivité).
Source : Le Figaro, Marie Bartnik (01/04/2025)