PMA : La nature n’est pas « une sorte de matériau disponible au pouvoir de l’homme qui en corrigerait les imperfections et l’adapterait à tous ses désirs »

Publié le 18 Juil, 2016

Au devant des signataires du manifeste des 130 médecins déclarant « avoir pratiqué l’assistance médicalisée à la procréation en ne respectant pas la loi », se trouve le professeur René Frydman, qui « réclame un alignement de notre pays sur tous ceux qui ont déjà ouvert plus grandes les vannes à la technique dans la pratique de l’aide médicale à la procréation » (cf. PMA : 130 médecins et biologistes “hors la loi” réclament un plan infertilité , PMA : Les revendications des 130 médecins et biologistes « montrent la ruine de la réflexion éthique » ). En réponse à ceux qui déclarent que l’ « on joue trop avec les lois de la nature », René Frydman répond : « la médecine a toujours joué avec les lois de la nature parce que si la nature était si bonne, il n’y aurait pas besoin de la médecine ».

 

Bruno Couillaud, docteur en philosophie, revient sur cette réponse dans laquelle « la nature semble une sorte de matériau disponible au pouvoir de l’homme qui en corrigerait les imperfections et l’adapterait à tous ses désirs ». Or la médecine « ne corrige pas la nature mais les défauts qu’elle laisse passer et dont l’origine, en partie, est mystérieuse ». En partie seulement, car « ces défauts ont parfois pour origine les défauts de l’homme lui-même dans sa gestion imparfaite de la nature, à cause d’une connaissance encore imparfaite elle aussi ». La médecine soigne aussi les conséquences des erreurs humaines, voire  « les effet pervers de sa propre action ».

 

Les virus, nouvelles maladies, catastrophes, demeurent une part mineure dans la nature, « car la nature, dans la plupart des cas, réussit et atteint sa fin. Elle est alors là pour nous montrer ce qui est droit, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle a ses lois », explique Bruno Couillaud. C’est pourquoi « la médecine n’a jamais aidé l’homme en contrariant sa nature. On ne corrige pas les ‘erreurs’ dans la nature en luttant contre les lois de la nature. Car il y a plus dans la nature que dans notre science et nos pouvoirs imparfaits ».

 

Au-delà des lois de la nature, Bruno Couillaud parle également d’ « une autre sorte de loi naturelle », qui s’énonce en médecine : « primum non nocere[1] », et « oblige à soigner selon le respect de la dignité de l’homme, qu’il soit malade, vieillard, infirme, handicapé, en état pauci-relationnel, ou encore en développement comme ce petit homme, cette petite femme, au stade embryonnaire doué d’un formidable potentiel, et que nous avons tous commencé d’être, au seuil de notre existence ».

 

Le philosophe invite les quelques médecins qui ne respectent pas la loi civile à s’interroger : respectent-ils la déontologie de leur profession en demandant la levée des interdits en matière de PMA, à rebours du principe de précaution et du respect de la dignité des plus petits ? Car « nous n’avons encore qu’une faible visibilité sur la pratique de la PMA en général et de toutes les atteintes aux cellules germinales et à l’embryon, lorsqu’ils sont ponctionnés, manipulés, analysés, isolés de leur milieu naturel, puis transférés et réimplantés dans leur milieu d’élection par excellence. Ou détruits ».

 

 

[1] Traduction : « En premier lieu, ne pas nuire ».

Liberté politique n°70, Bruno Couillaud

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