PMA : Développement d’une méthode de sélection des embryons

Publié le 8 Avr, 2020

L’infertilité touche environ « 9 % des couples en âge de procréer dans le monde », et « de nombreux couples » décident de recourir aux techniques de procréation médicalement assistée. Dans ce processus « la sélection d’embryons ayant un potentiel de développement maximal » est mise en œuvre afin d’atteindre « le taux de réussite le plus haut » de ces techniques.

 

« La méthode conventionnelle de sélection des embryons est principalement basée sur un score morphologique, un score basé sur la forme de l’embryon ». Une méthode « subjective ». Des chercheurs chinois ont développé une méthode « objective », basée sur la détection du « contenu des protéines sécrétées par l’embryon ». Les résultats ont été publiés dans la revue Biomicrofluidics[1].

 

« La méthode proposée vise à prédire le potentiel de développement de l’embryon en se basant sur la sécrétomique », « l’analyse du sécrétome, ou des protéines sécrétées par une cellule, un tissu ou un organisme ». « Nous n’avons besoin que d’une petite goutte de milieu pour y parvenir », a déclaré Yong Zeng, le responsable scientifique du Centre de fertilité du Shenzhen Zhongshan Urology Hospital et co-auteur de l’étude.

 

L’équipe a utilisé des « puces microfluidiques », « de minuscules dispositifs permettant de traiter ou de visualiser une petite quantité de liquide » et une méthode de détection ultrasensible. D’après l’analyse des chercheurs, la « gonadotrophine chorionique humaine sécrétée par les blastocystes de qualité supérieure était nettement supérieure à celle des blastocystes de qualité inférieure et des embryons qui ne se développent pas en blastocystes ». « La gonadotrophine chorionique humaine est une protéine sécrétée par le placenta et par les embryons cultivés in vitro ».

 

Yong Zeng indique vouloir tester « d’autres types de protéines sécrétées par l’embryon » et « analyser la relation entre ces protéines et la qualité de l’embryon ». Et « comme les différentes protéines sécrétées par l’embryon apparaissent souvent en très petites quantités », les chercheurs « travailleront également à développer des systèmes de détection de protéines de plus en plus sensibles et multifactoriels ».

 

Note de la rédaction :

D’un point de vue scientifique, les auteurs ont cherché à développer une méthode plus précise et fiable pour détecter les beta hCG – gonadotrophines chorioniques humaines – secrétées par les embryons, en vue de tester leur qualité. Ils utilisent pour ce faire une détection par fluorescence au moyen des marqueurs portés sur une puce électronique. Ils éliminent les signaux faussement positifs en pratiquant une détection simultanée par double fluorescence. Leur étude est encore à ses débuts. Ils ont utilisé leur méthode sur des embryons humains, et ont trouvé une corrélation entre leurs résultats et la qualité présumée de l’embryon, mais cela n’est pas très poussé. Il faut attendre des résultats statistiquement  prouvés pour évaluer la méthode, ce qui indiquerait une phase clinique, avec les problèmes éthiques associés. Il n’est pas possible de décider de la valeur de la méthode sur cette simple présentation. Il n’est pas dit non plus que les embryons qui apparaissent comme étant les plus résistants seront ceux qui s’implanteront le mieux (cf. Un embryon « endommagé » préserve la santé de sa mère d’après une étude menée chez l’animal).

D’un point de vue éthique justement, la technique s’expérimente sur des embryons humains qui servent de cobayes aux recherches. Quel sera le devenir des embryons dont la résistance aura été jugée insuffisante ? Seront-ils à leur tour détruits ? Déjà, les praticiens effectuent un tri morphologique des embryons dans le cadre des parcours de PMA. Ils sont implantés ou détruits en fonction de leur aspect extérieur.

 

Pour aller plus loin :

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[1] Peilin Chen et al, A method for the detection of hCG β in spent embryo culture medium based on multicolor fluorescence detection from microfluidic droplets, Biomicrofluidics (2020). DOI: 10.1063/1.514149

 

Phys.org, American Institute of Physics (07/04/2020)

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