« Sous la houlette de René Frydman », 130 médecins et biologistes publient dans le Monde un manifeste dans lequel ils reconnaissent « avoir aidé, accompagné certains couples ou femmes célibataires dans leur projet d’enfant dont la réalisation n’est pas possible en France ». Les signataires « encourent théoriquement des poursuites judiciaires » remarque Jean Yves Nau, mais ce sont « des professionnels connus auxquels on ne cherchera pas noise ».
Comme annoncé par René Frydman il y a quelques semaines, ils appellent donc à « la création d’un véritable ‘plan contre l’infertilité’ » car cela concerne « 15% de la population en âge de procréer » (cf. PMA, GPA, don de gamètes : René Frydman se prononce pour un « grand plan infertilité » ). Ils réclament plusieurs changements concernant :
- Le don d’ovocyte : ils regrettent que « la totalité des mesures qui permettraient de le développer ne soient pas prise » : « campagne d’information locale, dédommagement et prise en charge correcte des donneuses, création de personnel dédié à l’information sur des dons de gamètes… »
- Le dépistage pré implantatoire : ils déplorent que « 60% des embryons transférés ont des anomalies génétiques graves ou sont non viables sur un plan métabolique ». Ces « échecs » sont « prévisibles » et la politique en France est « incohérente » puisque le dépistage prénatal permet de détecter ces anomalies chromosomiques et conduit à « de douloureuses interruption thérapeutiques de grossesses ».
- L’autoconservation ovocytaire : ils contestent l’interdiction de cette technique pour les femmes « fertiles » mais « sans projet de grossesse immédiat » et demandent sa levée au nom de l’égalité homme-femme (les hommes peuvent conserver leur sperme sur simple ordonnance).
- Le don de sperme pour femme célibataire : là encore ils souhaitent la levée de l’interdiction en France.
Au terme de toutes ces revendications, ces 130 médecins et biologistes se revendiquent tout de même de « deux principes éthiques fondamentaux : la non commercialisation du corps humain et le refus du risque d’utiliser ou d’aliéner une autre personne (adulte ou enfant) à son profit, quelle que soit sa situation ».
« Quel sera le sort de ce manifeste ? » s’interroge Jean Yves Nau.
Jean Yves Nau (17/03/2016); Le Monde (17/03/2016)