Le vice-président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) Pierre Le Coz revient, dans un entretien accordé à La Croix, sur la controverse suscitée par l’avis 107 (cf. Synthèse de presse du 28/11/09)
Selon lui, le CCNE n’a pas "élargi les indications du diagnostic préimplantatoire" mais il a simplement "déplacé le curseur du dépistage de la trisomie 21: puisque ce dépistage sera de toute façon proposé à la femme enceinte, nous proposons qu’il se fasse plus en amont, à l’occasion du DPI". Une telle position serait guidée par un souci éthique car pour lui "la suppression d’un embryon in vitro pose des problèmes éthiques moins aigus que l’interruption de la vie d’un foetus", or la plupart des couples choisissent d’interrompre la grossesse quand ils apprennent qu’ils attendent un enfant trisomique 21.
Concernant les dénonciations d’eugénisme, il estime qu’"utiliser un concept si lourd historiquement et juridiquement pour qualifier le tri des embryons et le choix des couples [leur] a paru inapproprié. Qu’une pratique légalement admise puisse être comparée à un crime, ce n’est pas compréhensible et n’éclaire pas le débat. Par ailleurs, il […] semble malvenu de culpabiliser des couples déjà éprouvés par la cruauté du destin en leur disant qu’ils participent à une logique eugéniste".
Enfin, dans la mesure où plusieurs membres du CCNE ont marqué leur désaccord, Pierre Le Coz suggère une réforme du mode de production des avis. Alors que le consensus est jusqu’ici recherché, avec de plus en plus de difficultés car les antagonismes sont de plus en plus marqués et les points de vue souvent inconciliables, il préconise un recours au vote qui permettrait des avis plus nuancés et une plus grande transparence. Une proposition qui mérite, elle aussi, d’être "débattue".
La Croix (Marianne Gomez) 02/12/09