Dans une tribune publiée dans le quotidien La Croix, Pierre le Coz, professeur des universités en philosophie et ancien vice-président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) revient sur l’un des derniers communiqués du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF)dans lequels est promu la congélation des ovocytes pour convenance personnelle. Pour le CNGOF, “l’autoconservation de convenance est possible pour les hommes. Il n’y a pas de raison particulière pour que cela ne soit pas autorisé aux femmes” (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 13 décembre 2012).
Mais pour Pierre Le Coz, cette pratique n’a pas de raison d’être. En effet, “alors que la France peine à se lancer enfin dans la congélation ultrarapide d’ovocyte pour indication médicale (telle qu’elle est prévue par la loi de bioéthique du 7 juillet 2011), voilà qu’on nous parle d’ouvrir les vannes pour des demandes extra-médicales!“. Pour l’ancien vice-président du CCNE, “cet usage ‘sociétal’ […] apportera malheureusement de l’eau au moulin des détracteurs de la conservation des ovocytes qui avaient alerté sur les risques de pente glissante“. Et de préciser : “n’allez pas demander au Collège si c’est l’assurance maladie qui va payer cette autoconservation ovocytaire. Le Collège est bien trop en avance sur son temps pour se poser cette question ringarde et ridiculeusement superficielle“.
“Pourtant, cette congélation ovocytaire ultrarapide dite ‘vitrification’ a pour elle de véritables indications médicales. Une femme jeune rendue stérile à la suite d’un traitement anti-cancéreux peut garder l’espoir d’avoir un jour un enfant grâce à la congélation préalable de ses ovocytes“.
Pierre Le Coz conclut: “à rebours de ce dévoiement médical, nous saluons les médecins qui refusent d’en revenir aux idéologies du XIXème siècle“, à savoir des idéologies “hygiénistes et eugénistes“. Car ces médecins ce sont en fait “mêlés de vouloir rationnaliser la sexualité et la reproduction des couples“.
La Croix (Pierre le Coz) 28/03/2013