Le Pérou a voté, le 21 juin, une loi visant à dépénaliser les relations sexuelles consenties dès l’âge de 14 ans. Ce vote soulève de nombreuses protestations. Jusqu’alors, tout adulte ayant des relations sexuelles avec un mineur encourait jusqu’à trente ans de prison en cas de plainte dudit mineur ou d’un membre de sa famille.
Alejandro Rebaza, parlementaire du parti présidentiel, l’Alliance populaire révolutionnaire américaine (APRA, social-démocrate) qui a déposé ce projet de loi, souhaite "adapter le code pénal à la réalité péruvienne". "Il y a des jeunes de 19 ou 20 ans emprisonnés parce qu’ils ont couché avec un partenaire de 16-17 ans et que cela n’a pas plu aux parents", défend-il.
La Conférence épiscopale réfute cet argument . "Dans ce cas, légalisons la corruption, le vol et la prostitution infantile. Il faut être catégorique et dire qu’il y a des réalités qui ne devraient pas exister car elles sont mauvaises", explique Mgr Juan José Larraneta.
Virginia Borra, ministre de la femme, a dénoncé "une porte ouverte" qui permettrait à des abus commis sur des mineurs de rester impunis. Mercedes Cabanillas, présidente du Congrès, a rappelé que "la nouvelle loi n’annulait pas les peines drastiques contre ces délits".
Le président Alan Garcia a lui-même déclaré dimanche 23 juin : "personnellement, je ne suis pas d’accord […]. Je suis père de quatre filles et il ne me semble pas qu’à 14 ans, on soit en condition de donner un consentement qui signifie une acceptation rationnelle, responsable, mesurant les conséquences face à la proposition d’un adulte".
Le Chef de l’Etat peut promulguer la loi ou la renvoyer devant le Congrès.
Le Monde (Chrystelle Barbier) 27/06/07