Alors que la prévalence globale des malformations augmente depuis les années 1980 et que les stratégies de dépistage n’ont cessé de se perfectionner, bon nombre de médecins se demandent si l’évolution du diagnostic prénatal ne conduit pas à des examens excessifs, ce que les chiffres semblent confirmer.
L’échographie permet de dépister 60% des malformations. 90% des enfants trisomiques sont détectés, avant de faire le plus souvent l’objet d’une IMG. En 2005, 82% des femmes enceintes ont eu un dosage de marqueurs sériques de la trisomie, soit 634 972 analyses, pour identifier 51 000 femmes à risque dont 1% seulement ont donné lieu à un diagnostic de trisomie 21 (soit 496 cas). 90 600 caryotypes foetaux ont été réalisés dont 4,2% ont montré des anomalies chromosomiques. 6441 IMG ont été autorisées et réalisées, dont 45,7% pour malformations et 38,3% pour anomalies chromosomiques. 411 grossesses ont été poursuivies malgré une autorisation d’IMG.
"Environ 10% des femmes enceintes ont une amniocentèse, c’est beaucoup trop", déplore le Pr Jean-François Oury, de l’hôpital Robert-Debré à Paris, avant de dénoncer la spirale infernale dans laquelle la crainte des conséquences médico-légales entraîne les médecins.
Le diagnostic prénatal permet cependant également de mettre en oeuvre des mesures thérapeutiques rapides lors de la naissance: "Le diagnostic précoce des retards de croissance intro-utérin permet de sauver près de 20 000 enfants par an (3% des naissances), en les faisant naître prématurément", a souligné le Pr Oury. La mortalité néonatale précoce a été divisée par trois depuis 1983. Des résultats dont le maintien dans les années à venir va demander un effort important, du fait de la crise de la démographie médicale, notamment chez les anesthésistes.
Panorama du Médecin (Dr Chantal Guéniot) 15/06/09